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Interview

Législatives en Belgique : Fouad Lahssaini ou la victoire de l'écologie

Si le scrutin législatif en Belgique a eu des effets dévastateurs au sein des candidats issus de la communauté marocaine, il n’en reste pas moins que trois d’entres eux ont sauvé «leur peau» dont Fouad Lahssaini, nouveau parlementaire du parti Ecolo.
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-Yabiladi: A quel âge avez-vous réalisé vos premiers pas en politique?
- Fouad Lahssaini :
Comme une grande partie de la jeunesse marocaine des années 1970, mes premières « actions », qui ont provoqué chez moi un déclic, ont été les manifestions des lycéens. Elève au Lycée Mohamed V de Casablanca, il ne manquait pas de raisons pour que nous fassions grève, comme les conditions d’enseignement précaires et l’absence de l’infrastructure nécessaire pour un enseignement digne, conjuguées à une répression féroce qui ne touchait pas que le milieu des étudiants du reste. Par la suite l’UNEM m’a donnée les fondamentaux de l’analyse politique.
Quant à mes premiers pas en politique en Belgique, c’était en 1994 lors de ma candidature et mon élection au Conseil Communal de Bruxelles (Watermael-Boitsfort) où j’ai siégé jusqu’en 1999 avant de rejoindre le Parlement Bruxellois grâce à un mandat de parlementaire. Il faut savoir qu’une des règles du parti «Ecolo», c’est que l’on ne peut siéger que dans une seule assemblée !

- Qu'avez-vous ressentie lors de l'annonce des résultats et de votre élection?
Le calcul est compliqué et long. Dans un pays fédéralisé comme la Belgique, le fait est que je n’ai pris acte de mon élection que le lendemain matin, ce qui m’a permis de commencer ma journée sur une bonne note. Cependant, j’ai rapidement pris conscience des responsabilités qui vont peser sur moi.
En effet, non seulement je suis un élu au même titre que les 150 membres de la Chambre, mais je suis aussi le seul élu « issu de l’immigration » dans la partie francophone du pays où réside une grande partie de l’immigration, et plus particulièrement à Bruxelles. Cette responsabilité, je la mesure chaque jour, car je reçois en permanence non seulement des messages de félicitations, mais également l’expression d’attentes dont celles de véhiculer les valeurs du respect des diversités et d’une réelle citoyenneté pour tous.

- Sur quelles idéologies et orientations avez-vous construit votre succès?
Le parti «Ecolo» a un programme et une vision de la société qui regroupe un ensemble d’actions et de réponses aux défis de ce nouveau siècle. Je pense à la lutte contre le réchauffement climatique, la redistribution des richesses au nom de la justice sociale, le contrôle des règles du commerce international et la lutte contre la mondialisation financière ou encore la démocratie et la transparence des pratiques politiques dont la lutte contre toutes les formes de discriminations.

- Peut-on parler de "vote communautaire" ou pas, pour ce scrutin et votre élection?
Cette élection s'est aussi soldée par un échec pour beaucoup de ressortissants marocains. Comment l'expliquez-vous?

- Selon moi, cette élection marque un nouveau tournant dans la manière d’expression du vote des populations issues de l’immigration. Après une première étape, qui consistait à faire élire des personnes qui vont refléter certains aspects de la sociologie de la Belgique et qui s’est traduit par un vote « ethnique » permettant l’entrée, dans les différentes Assemblées, d’un nombre important d’élus issus de l’immigration, une nouvelle approche a été exprimée. Ainsi, cette consultation élective a été l’occasion de porter une évaluation du travail accompli par «ces» élus. En clair, une élection doit être méritée ! De plus, les citoyens ont voté plus pour les partis que pour les candidats.

- Et enfin, quel regard portez-vous sur la création d'un Conseil Supérieur dédié aux Marocains du monde au Maroc?
C’est une question complexe car pour y répondre il faut avoir à l’esprit une démarche multidimensionnelle à savoir politique, économique sociale et culturelle. Une batterie de questions s’impose. Est-ce que les Marocains du monde constituent un levier pour progresser dans la construction d’un état de droit et d’une transition vers un autre type de pratiques politiques et de reconnaissance de la citoyenneté ? La dimension culturelle et quelle identité défendre dans un monde où le repli nationaliste est la règle ?
Je regrette que ces questions ne soient abordées que dans les intentions et malheureusement absentes dans les débats publics qui se sont cristallisés sur la lutte des…sièges, comme d’habitude, aurais-je envie d’ajouter et de conclure.

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