Nouvelle taxe aérienne: Ryanair supprime une trentaine ligne entre le Maroc et l’Europe

Si la nouvelle taxe instaurée par le gouvernement Benkirane réjouit les professionnels du tourisme, elle fâche au plus haut point les compagnies aériennes low cost. Ryanair vient de prendre ses premières décisions. La compagnie irlandaise a décidé de supprimer une trentaine de lignes reliant le Maroc et l'Europe.

Par Ristel Tchounand

Publié Le 20/12/2013 à 14h30

Temps de lecture: 2'

La nouvelle taxe aérienne imposée pour 2014 par le gouvernement marocain semble fâcher au plus haut point. Ryanair tranche radicalement en décidant de la suppression d’une trentaine de lignes entre le Maroc et l'Europe. Selon le quotidien régional Sud-Ouest, La compagnie low cost en en a fait l’annonce jeudi 19 décembre. Pour l’instant, la nouvelle n’a pas encore fait l’objet d’un communiqué de presse par la société, mais en France notamment, l’aéroport de Bergerac dont l’activité était fortement portée par la desserte de Marrakech, confirme cela.

Pour rappel, le Maroc annonçait à la mi-novembre l’instauration d’une nouvelle taxe sur les vols internationaux au départ des aéroports du royaume. Cette taxe est de 100 dirhams (9 euros) pour les voyageurs en classe économique et de 400 dirhams (30 euros) pour ceux de la première classe ou la classe affaire. D’après la Chambre de commerce de la Dordogne, gestionnaire de l'aéroport de Bergerac, cette décision a «provoqué la colère de la compagnie Ryanair».

Face à cette nouveauté en effet, deux possibilités s’imposent aux compagnies aériennes, soit elles répercutent cette taxe sur le prix du billet, soit sur leurs marges. Et visiblement, pour un opérateur low cost comme Ryanair, ni l’une, ni l’autre ne sont envisageables. A noter que les compagnies low cost, et particulièrement la société irlandaise, sont généralement pour qu’il y ait le moins de taxes possible.

Easy Jet aurait redimensionné sa voilure

Cette compagnie avait pourtant récemment annoncé, pour 2014, de nouvelles lignes entre l’Europe et le Maroc, ce qui se profilait en aubaine pour le royaume chérifien qui cherche depuis fort longtemps à attirer plus de touristes.

En outre, Ryanair semble ne pas être la seule à avoir réfléchi après l’annonce de Lahcen Haddad. Selon le quotidien L’Economiste, «Easy Jet aurait redimensionné sa voilure sur le Maroc» après l’annonce de la nouvelle taxe. Pour l’instant, la compagnie n’a pas encore ouvertement révélé sa position, mais cela risque de ne pas trop tarder.

Mauvaise nouvelle pour les professionnels du tourisme

En tout cas, ces nouvelles ne sont certainement pas pour plaire aux professionnels du tourisme au Maroc. Se plaignant déjà de l’insuffisance de la programmation aérienne et sa régression par rapport aux besoins, la Confédération nationale du tourisme s’était réjouie de cette mesure. Mais avec la suppression de 30 lignes par Ryanair, c’est clair que le trafic aérien prendra un coup. Reste à savoir maintenant si Ryanair mettra effectivement à exécution cette décision. D'autant plus que l'absence d'une communication publique et officielle laisse entrevoir une sorte de menace de la part de compagnie, afin de faire reculer les autorités marocaines. A suivre !

Une taxe hors la loi ?

Au Maroc aussi, la mesure prise par gouvernement inquiète. « Je ne crois pas que cette nouvelle taxe soit juste ou équitable, génératrice de ressources ou qu’elle attirera plus de touristes. […]Et puis quel «client» la paiera? », s’interroge Amal Karioun, voyagiste et ancien président de la fédération des agences de voyage du Maroc, devenue confédération, dans une interview accordée à l’Economiste. D’après lui, cette taxe peut être même considérée comme étant « illégale ».

« Si j’ai bien compris, c’est une taxe pour la solidarité et la promotion touristique. De quelle solidarité et promotion s’agit-il? Ce sont deux questions très simples mais qui nécessitent explication, estime le voyagiste. De manière lapidaire, l’on explique que ces recettes iraient pour moitié à l’ONMT et l’autre moitié au Fonds d’appui à la cohésion sociale ». M. Karioun rappelle cependant que le Fonds de cohésion sociale est financé par les entreprises et non par le consommateur, « encore moins des étrangers non-résidents au Maroc ».

L’homme s’interroge également sur la contrepartie qu’obtiennent ceux qui paieront cette taxe. « A mon sens toute taxe doit bénéficier d’une manière ou d’une autre à celui qui la paye, or je ne vois pas comment ».

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