«Le problème dont souffre la capitale économique tient essentiellement à un déficit de gouvernance», avait récemment souligné le roi Mohammed VI dans un discours. Quelques semaines après cette mise en garde, il semblerait que celle tournant autour de la mauvaise gestion de Casablanca a poussé les autorités de la ville à agir. Les autorités locales se sont retroussés les manches et entendent aujourd'hui prendre le taureau par les cornes.
L’un des chantiers prioritaires est celui du patrimoine de la métropole. Selon la Vie Eco, le Conseil de la ville a déjà mis en place une commission chargée d’évaluer le patrimoine immobilier de la métropole. Celle-ci a fini de présenter un rapport dans lequel elle souligne que le manque à gagner dans l’exploitation des biens casablancais s’élève à un milliard de dirhams par an. Une importante somme sur laquelle la ville compte mettre la main à travers l’adoption des bonnes formules à même de rentabiliser ses biens immobiliers.
Rentabiliser les biens communaux
D’après la même source, le Conseil de la ville souhaite revoir à la hausse le loyer de quelques bâtiments en les confiant à d’autres exploitants via des appels d’offres. Ils s‘agit entre autres de la Sqala, du Paradise, du Souk Namoudaji de Bab Marrakech et de 61 parkings communaux. Le site historique de la Sqala qui était loué au groupe Restopro et dont le contrat est arrivé à terme depuis 2011, fera l’objet d’appel d’offres. Celui-ci devrait permettre de fixer le prix de la location mensuelle entre 40 000 et 47 000 dirhams contre 750 dirhams auparavant.
Quant au Paradise, il sera également soumis à un appel d’offres. Une procédure a été même ouverte selon la Vie Eco afin de recouvrer le loyer annuel de 1 350 000 dirhams non payé depuis 2011. D’autres biens immobiliers entrent aussi dans cette nouvelle configuration. Il s’agit du Mc Donald’s Dawliz pour le quel le loyer mensuel est fixé à 10 000 dirhams. Le Conseil, afin de rentabiliser cet espace qui était du ressort du ministère de l’Equipement, veut vendre le terrain aux propriétaires du restaurant.
Mieux, le projet de centre commercial et d’immeubles d’habitation, Flopir, serait en voie de disparition. En effet, l’endroit qui était choisi il y a plusieurs années ne semble plus adapté. Pour le Souk Namoudaji de Bab Marrakech, le Conseil a déjà suspendu le contrat d’Etro, société qui a construit et loué les locaux commerciaux. La commune a d’ailleurs entamé une procédure judiciaire du fait que la société doit à la ville une somme de 390 000 dirhams et que tous les règlements à l’amiable n’ont pas abouti.
Plus de parkings souterrains en vue
L’autre cheval de bataille des autorités casablancaises sera la mise en place, l’organisation et la rentabilisation des parkings. Dans ce sens, le Conseil a déjà listé une soixantaine de parking en vue de les céder à des repreneurs pour mieux les rentabiliser. La raison de cette nouvelle politique est motivée par le fait que ces espaces de stationnement sont loués pour la somme de 750 dirhams par mois alors qu’ils devraient rapporter nettement plus.
Récemment, l’aménagement du sous-sol de plusieurs espaces verts pour y construire des parkings sur plusieurs niveaux a été évoqué. Durant le mois de novembre «le conseil de la ville aurait donné son accord à un cabinet d’architectes pour construire à un parking de trois étages sous un espace vert», située dans le quartier Racine. Selon L’Economiste, il sera situé à l’angle rue Normandie et boulevard d’Anfa. Ce projet inquiète toutefois des associations désireuses de protéger le patrimoine de la ville.
Ce qui est sûr, c’est que le stationnement au niveau de certains endroits reste anarchique. En attendant de trouver la solution idéale pour remettre la ville sur de bons rails, les autorités semble déterminer à mener à bien des projets importants comme celui du métro aérien. Pour ce faire, la ville de Casablanca songerait même à céder une partie de son patrimoine pour financer le projet.
Un plan de circulation pour l’année prochaine
La circulation est un autre point noir que la ville doit essayer de résoudre. Tous les dix ans, le plan de déplacements urbains (PDU) de Casablanca doit être revu. La dernière révision date de 2004. L’année prochaine, la ville aura donc un nouveau PDU qui doit permettre de mieux organiser les transports. D’un coût de 50 millions de dirhams, ce plan permettra notamment de moderniser le mode de fonctionnement des bus par l’installation de couloirs réservés à leur circulation. En outre, une billetterie commune pour M'dina Bus et Casa Tramway et ainsi qu’une réorganisation des lignes de bus devront être instaurées pour assurer transition plus simple pour les usagers et ainsi privilégier le déplacement en transport en commun.
Actuellement des mesures destinées à améliorer le stationnement sont mêmes en train d’être appliquées dans la ville. Dans ce PDU également, les taxis de première catégorie qui transportent le plus de personnes à Casablanca (620 000 par jour) entrent en ligne de compte. Le secteur va être restructuré en instaurant un dialogue entre les différents acteurs.
Tout cela semble aller dans le bon sens pour faciliter la vie des Casablancais. Mais il reste encore beaucoup à faire et il faudra sans doute du temps pour voir les améliorations se concrétiser. Dommage qu’il ait fallu attendre un discours royal pour voir les choses s’accélérer subitement.