Omar Jazouli, l’ancien maire de Marrakech (2003-2009), est interdit de quitter le territoire marocain. C’est une première pour lui, sachant que ses démêlés avec la justice sont nombreux. C’est une décision d'un juge à la Chambre de l'instruction du pôle économique et financier, relevant de la cour d’appel de la ville ocre. Il est actuellement en liberté provisoire.
En revanche les charges retenues contre lui sont lourdes : «falsification de documents officielles», une allusion à un projet immobilier, initialement prévu pour la construction de villas avant d'être transformé en immeubles, de «corruption» et «dilapidation des deniers publics».
Concernant la dernière accusation, la cour régionale des comptes l’avait déjà condamné, en août 2012, à restituer à la Trésorerie générale du royaume la somme de 116 millions de dirhams, gaspillée dans le paiement de factures salées pour les séjours de certains hauts cadres du ministère de l’Intérieur dans les grands hôtels de Marrakech. Une largesse qui a profité, également, à certains journalistes.
Dans cette affaire, Jazouli, membre de l'Union constitutionnelle, n’est pas le seul mis en cause. Son bras droit à la tête de la mairie, le très controversé Abdellah Raffouch, alias Ould Laâroussia, devrait être entendu, le 10 décembre, par le même juge d’instruction.
Avant Jazouli, il y a eu le cas du parlementaire Abdellatif Abdouh
«Interdire Jazouli de quitter le territoire national ne signifie pas la fin du monde pour lui. C’est juste une décision destinée à la consommation médiatique beaucoup plus que l’amorce d’une réelle volonté de sanctionner les prévaricateurs», nous confie une source à Marrakech. «Tant qu’il est libre de ses mouvements, cette affaire est appelée à durer dans le temps. Dans le cas contraire, l’enquête du juge d’instruction devrait être bouclée, au maximum, dans un an», explique-t-elle.
Elle tient à rappeler que dans la ville ocre, ce genre de mesure ne constitue plus une surprise. «Avant Omar Jazouli, il y a, toujours, le cas du parlementaire Abddellatif Abdouh (membre du parti de l’Istiqlal, questeur à la Chambre des conseillers, ndlr). En Juin 2012, il lui a été interdit de voyager et son passeport a été confisqué à cause de son implication présumée dans l’achat, dans des conditions peu transparentes, d’un lot de terrain, une propriété du groupe Al Omrane (public). Voilà un an et cinq mois que l’affaire traine sans la moindre annonce d’une date de procès. Ce qui n'a pas empêché Abdouh d'assister aux séances de la Chambre des conseillers».
La même source précise que voilà, presque deux ans, que la Chambre d’instruction du pôle économique et financier a été créée sans que les dossiers qu’elle instruit ne soient transmis à la cour d’appel de Marrakech.