La fuite des capitaux vers des banques à l’étranger a été soulevée, hier, à la Chambre des représentants lors de la séance des questions orales. C’est le groupe de l’Union constitutionnelle qui a interpellé le ministre du Budget sur la prolifération de ce phénomène. Dans sa réponse, Idriss Azami a, d’emblée, revendiqué que le fléau était «universelle» et «ne serait être exclusivement marocain».
Devant les députés et les caméras d’Al Aoula - la première chaine diffusait en direct la séance - le PJDiste a reconnu qu’il était difficile de donner avec précision le montant de l’argent détournée au Maroc. Et puis il a enchainé en révélant un chiffre qui aurait été fourni par la Banque mondiale concernant le royaume : 4 milliards de dollars. Mais comment la BM serait-elle parvenu à cette somme?
Un montant que contestent des think-thank internationaux
Le ministre du Budget n’a pas précisé à quelle période exacte se referait le chiffre annoncé. Si on en croit le dernier rapport du Global financial integrity, publié en janvier 2013, la moyenne annuelle des fuites des capitaux du Maroc s’élèverait à 1,283 milliard dollars. L’année 2005 marquait, selon cette même source, un record en enregistrant presque 4 milliards de dollars détournés à l’étranger. Idriss Azami s’est-il référé, dans sa réponse, à cette dernière estimation ?
En revanche, une étude du Boston Consulting Group (BCG), un cabinet de conseil américain créé en 1963, estimait, en juin 2012, que 2 milliards de dollars, soit plus de 187 milliards de dirhams, fuient annuellement le Maroc vers des paradis fiscaux ou des banques en Europe.
Que fait le gouvernement pour stopper l’hémorragie ?
Le ministre du Budget a, notamment, évoqué deux moyens utilisées pour faire évader des capitaux du Maroc : «réduire le volume des exportations annoncées par les entreprises ou augmenter celui des importations». Azami a oublié de mentionner la méthode des valises, en vogue chez les Marocains tentés de placer une grande partie de leurs fortunes dans des comptes étrangers.
Pour y faire face, la recette d’Azami est facile à annoncer : «accentuer les contrôles des banques qui travaillent dans cette chaine», «contrôler les exportateurs et les importateurs afin de s’assurer que les chiffres qu’ils avancent sont presque identiques aux montants exacts de leurs opérations» et enfin «contrôler les comptes bancaires à l'étranger, détenus par des Marocains, résidents au royaume, ordonner à leur propriétaires de les fermer et placer l’argent détournée dans des banques marocaines». Mais qu'en est-il de la mise en œuvre ? Le Maroc a toujours été durement touché par ce phénomène et jusque là les solutions pour l’endiguer ne semblent pas porter leurs fruits.