Dragueurs humiliants dans la rue, avances au travail ou encore menaces et chantage à des fins sexuelles, toutes ces violations pourraient enfin être punies au Maroc où ces pratiques sont très souvent banalisées par la société. Un projet de loi relatif au harcèlement sexuel sera bientôt présenté par le gouvernement. L’information a été rapportée, dimanche 3 novembre, par Aujourd’hui le Maroc.
Selon le quotidien, le projet de loi a été élaboré par le ministère de la Solidarité, de la Femme et du Développement social, en collaboration avec le ministère de la Justice et des Libertés. Il définit le harcèlement sexuel comme «tout acte importun à l’encontre d’un tiers dans les espaces publics à travers des actes, des propos ou des gestes à caractère sexuel ou dans le but d'obtenir un acte de nature sexuelle».
4 ans de prison
L’auteur d’un harcèlement sexuel au Maroc risquerait ainsi d’être placé derrière les barreaux s’il est jugé. Le texte prévoit, en effet, une peine d’emprisonnement comprise entre un mois et deux ans, ainsi qu’une amende de 1000 à 3000 dirhams. En outre, celles-ci pourraient être doublées si le délit en question a eu lieu au travail.
«Cette peine est doublée si ce délit est commis par un collègue dans le cadre professionnel ou par des personnes chargées de veiller à l’ordre ou à la sureté dans les espaces publics», précise le projet de loi, relayé par la même source.
Le même texte prévoit également des peines à l’encontre des auteurs d’enregistrements audio ou vidéo à caractère sexuel. «L‘auteur d’un enregistrement vocal ou en images portant atteinte au corps de la femme, diffusé publiquement et ayant pour conséquence ou but la diffamation» risque une peine de deux à cinq ans de prison et une amende allant de 5 000 à 10 000 dirhams, détaille l’article 495 de la loi.
Celle-ci pourrait, là aussi, être doublée en cas de récidive ou «si le délit est commis par l’époux ou un membre de la famille, un tuteur ou une personne ayant une quelconque autorité sur la victime».
Pour la drague subtile et consentie
L’annonce de cette loi n’a, par ailleurs, pas manqué de susciter des réactions de toutes sortes sur le réseau social Twitter. « La promotion canapé ou harcèlement sexuel au Maroc enfin un délit dans le code pénal», se félicite Karim_EH. «Contre le harcèlement, l'bssala, les insultes, les mains baladeuses, les intimidations. Pour la drague subtile et consentie», estime Reda.
«La question mnt est combien de gars vont se faire racketter par leur copine à cause de cette loi ?», s’interroge avec ironie, Omtael. D’autres sont allés plus «loin» dans l'humour noir. «Donc si vous souhaitez draguer, allez plus loin, et violez. Vous échapperez à la prison et aurez une femme», écrit Sbiti. «4 ans de prison pour les dragueurs ou comment on est sur le chemin d'homosexualiser le peu d'hommes qui nous reste encore», s’insurge pour sa part Foutographe avant d’ajouter : «Mlle si tu veux pas que l'on te drague dans la rue alors va mettre une #Burka».
Le projet de loi ne laisse pas indifférent alors même que la loi en question n’est pas encore passée. Reste encore à le présenter au Parlement pour son éventuelle adoption. Mais pour l’instant, aucune date n’est encore annoncée.