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Grand Angle

Energie solaire : Desertec est-il vraiment une bonne affaire pour le Maroc ?

Lors de sa conférence annuelle, qui s’est déroulée, les 30 et 31 octobre, au Maroc, le consortium Desertec Industrial Initiative a tenté de convaincre les pays de la région MENA d’investir massivement dans l’énergie solaire. Mais le royaume a-t-il réellement intérêt à construire des centrales thermo-solaires comme celles de Ouarzazate ?

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La technologie thermo-solaire adoptée par le Maroc pour la centrale de ouarzazate n'est pas rentable. /DR
Temps de lecture: 4'

«Je n’ai pas apprécié la politique de Desertec Industrial Initiative (Dii). Les industriels ont tendance à travailler tous seuls et à oublier la valeur ajoutée pour la région. Ils ne cherchent pas à établir un vrai partenariat avec les pays du sud», estime Badr Ikken, directeur général de l’Institut de Recherche en Energies Solaires et Energies Nouvelles (IRESEN). La conférence 2013 de Dii s’est déroulée, mercredi 30 et jeudi 31 octobre, à Skhirat, au Maroc. Le consortium d’industriel est venu convaincre les pays de la région MENA d’investir massivement dans le solaire, «du lobbying» pour Badr Ikken.

Depuis le 1er juillet, Dii et la Fondation Desertec se sont séparés suite aux déclarations du PDG de Dii, Paul Van Son. «Honnêtement, il y a quatre ans, l’acheminement de l'énergie depuis l'Afrique du Nord constituait la raison d’être de Desertec. Nous avons abandonné cette vision unidimensionnelle. Il s'agit à présent de créer des marchés intégrés dans lesquels l'énergie renouvelable apportera ses avantages», avait déclaré Paul Van Son. Pas question, pour Thiemo Gropp, co-fondateur de Desertec Foundation, qui affirmait alors : «pouvoir exporter vers l'Europe est une option importante, non seulement pour attirer des financements, mais également pour répondre aux besoins énergétiques futurs de l'Europe.»

Cette option serait de moins en moins envisagée, y compris par la Fondation elle-même. «Il est très compliqué de mettre en œuvre Desertec au Maghreb car il ne dispose pas des infrastructures nécessaires et envisager d’exporter l’énergie en Europe pose beaucoup de problèmes que ne se posent pas dans d’autres régions du monde», admet également aujourd’hui Thiemo Gropp. La Dii, pour sa part, cherche à vendre rapidement ses technologies vertes au Maghreb et exporter l’énergie ainsi produite vers le nord n’est plus une priorité.

L'Etat supporte le déficit

Dans ce contexte, le Maroc souhaiterait rester au centre des préoccupations de Dii, de la Fondation et des investisseurs et ainsi conserver la perspective d’exporter son électricité. «Ce dont nous avons besoin c’est d’un appui réel aujourd’hui. Desertec a une vision à long terme, mais nous aimerions pouvoir penser à des projets réalisables à l’horizon 2020 plutôt que 2050», a expliqué, mercredi, Zohra Ettaik, directrice de la division Energies renouvelables et de l’efficacité énergétique au ministère de l’Energie, de l’Eau, des Mines et de l’Environnement.

Le Maroc a débuté la construction de la première phase de la centrale thermo-solaire à Ouarzazate et alors qu’il prépare le prochain appel d’offre Nour 3 pour la troisième phase de la centrale. Il est donc pressé de voir arriver les investissements extérieurs liés à la réalisation concrète du projet Desertec, mais il veut également pouvoir exporter vers l’Europe son électricité. «Le solaire est cher et il n’est pas encore compétitif donc une convention a été signée avec le MASEN dans laquelle l’Etat s’engage à supporter le gap [le déficit entre son coût et son prix de vente, ndlr]. Nous espérons ensuite pouvoir exporter l’électricité vers l’Union européenne pour réduire le gap du KWh solaire.»

Coût : 685 millions de dh par an

Selon l’AFD, «Le «gap» - la différence entre le prix payé par l’ONE et le prix d’achat de l’électricité solaire payé par le MASEN [à la société qui exploitera la centrale thermo-solaire, ndlr] - sera couvert par le MASEN avec l’appui financier apporté par le gouvernement marocain et certains bailleurs.» Ce «gap» est estimé par l’AFD à 685 millions de dirhams par an. Un coût considérable si on l’ajoute aux investissements publics nécessaires à la construction de la centrale, mais «ces investissements génèreront de nouveaux emplois et une nouvelle industrie localement et libèreront des subventions qui vont aujourd’hui aux énergies fossiles», a rappelé le PDG de Dii dans son intervention, mercredi.

Son argument fait mouche car le Maroc subventionne lourdement les énergies fossiles pour préserver sa population de prix insupportablement élevés, tels qu’ils sont fixés sur les marchés internationaux. En 2012, la charge de la caisse de compensation, qui subventionne les hydrocarbures, mais aussi le butane, le sucre et la farine, s’est élevée à plus de 53 milliards de dirhams.

De plus, la technologie thermo-solaire est tout de même moins chère que la plus chère des technologies employées à l’heure actuelle par le Maroc. «Le coût du KWh produit par les générateurs diesel utilisés au Maroc pendant les pics de consommation électrique pour 700MW est de 1,80dh, alors que le coût du KWh de la centrale de Ouarzazate a été calculé à 1,61dh», précise Badr Ikken. La centrale de Ouarzazate aura, dans un premier temps, la même fonction que ces générateurs diésels : fournir le surplus d’électricité nécessaire pendant les pics de consommation.

Exporter l'électricité en Europe est-il possible ?

Dans le but de réduire toutefois les subventions publiques au thermo-solaire, le Maroc compte sur l’exportation de l’électricité vers l’Europe, alors que la Dii et la Fondation Desertec éloignent cette perspective. A lui seul, le pays est pourtant très loin de pouvoir envisager de produire assez d’électricité d’origine solaire pour l’exporter en Europe, estime Driss Zejli, président de la société marocaine de développement des énergies renouvelables. «L’objectif du royaume est d’atteindre 2 000 MW d’ici 2020 pour satisfaire à la fois sa propre consommation et les exportations, mais est-ce suffisant, quand on sait que la consommation du pays augmente de 400 à 500 MW par an ? Il faudrait plus de 10 000 MW pour pouvoir exporter. Le Maroc ne peut pas gérer un tel rythme. La maîtrise des technologies solaires n’est pas suffisante», explique-t-il.

Dans ce cas, comment le Maroc pourra-t-il investir dans du solaire coûteux sans exporter son électricité ? «Sur l’objectif de 2 000 MW d’énergie solaire, le Maroc reste ouvert sur les technologies à employer. En complétant ses installations avec du photovoltaïque [moins cher que le thermo-solaire adopté pour la centrale de Ouarzazate, ndlr], il peut atteindre des niveaux de prix équivalents à ceux des centrales éoliennes, au charbon et au gaz utilisés pour la consommation électrique ordinaire», estime Badr Ikken.

Desertec est-il vraiment une bonne affaire pour le Maroc ?
Auteur : Messchouc
Date : le 10 décembre 2013 à 23h20
Dans le présent , Il faut que le Maroc investisse dans la formation de générations de spécialistes dans le domaine des technologies des énergies renouvelables pour le futur et non dans des projets colossaux dans ce domaine En effet, ces technologies actuelles ne sont pas assez compétitives et de plus elles sont couteuses et en conséquent non rentables. Imaginons quelqu'un entrain d’investir un argent fou pour l'achat de PC i5 ou même un i7, dans un an au plus ........... .
Aussi, en parallèle avec la formation il faut s'engager dans l'innovation et qui beaucoup plus rentable et moins couteuse plutôt que dans la recherche scientifique qui n'est utile que pour les pays développées.
Quant au projet desertec j'imagine les multinationales qui détiennent le pétrole du monde.....................
Solaire : propre ou arnaque ?!!!
Auteur : MoroccanPatriots
Date : le 03 novembre 2013 à 00h49
Non l'énergie solaire est propre en soit mais sa maintenance sa conception et sa durée de vie ne sont pas propres.Les énergies propre ou durable sont l'éolienne (long façade maritime) la biomasse (gaz des déchets) l'hydraulique,nucléaire (déchets ),géothermie(chaleur du sous sol) bref le Maroc doit investir dans ses technologies pour seul intérêt l'indépendance énergétique qui assurera la souveraineté économique du Maroc
Il faut un début à tout.
Auteur : LAHSENOBE
Date : le 02 novembre 2013 à 18h43
L’énergie fossile va se raréfier à cause de la surconsommation des pays émergents comme la chine et l'Inde et bien d'autres, et son prix grimpe d'année en année.

Toutes les anergies renouvelables sont à prendre sans hésitation, ils sont propres et inépuisables.

L’expérience marocaine de l’énergie solaire est couteuse au début mais prometteuse pour l'avenir.

Espérons que la population marocaine profitera de la baisse du prix de l’énergie, de l'éclairage des villes, des routes et auto-routes et bénéficier de bien d'autres avantages fournis pas l'électricité propre.
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