«Je veux que Londres soit […] l'une des grandes capitales de la finance islamique dans le monde», a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron, en marge du Forum économique islamique mondial (WIEF) qui s'est ouvert à Londres ce mardi 29 octobre, rapporte BFM TV.
Pour ce faire, les Britanniques comptent bien s’armer. Dans son discours prononcé devant plus de 1 800 personnalités venues des quatre coins du monde, dont le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane, M. Cameron a annoncé la création d’un indice islamique à la Bourses de Londres. Actuellement, a-t-il indiqué, le Trésor britannique est en train de plancher sur le lancement des premières sukuks (obligations islamiques) pour un montant d'environ 200 millions de livres (234 millions d'euros).
David Cameroun a ainsi marqué un nouveau pas pour le développement de la finance islamique dans son pays. Et le moment est bien choisi, puisque l’Angleterre est le premier pays non musulman à accueillir le WIEF. Il faut dire que ce pays est l’un des rares d’Europe où la finance soumise aux principes du coran a du succès. Les Anglais s’y sont très vite ouverts, ce qui a favorisé la création de plusieurs établissements financiers spécialisés.
Aujourd’hui en Angleterre, le secteur de la finance islamique croit en effet 50% plus vite que celui des banques classiques, rapporte Europe 1. Selon un rapport du Conseil musulman de Grande-Bretagne (MCB), 13 400 entreprises détenues par des musulmans ont été comptabilisées, rien qu’à Londres. Lesquelles ont permis la création de 70 000 emplois.
Cependant, force est de constater que plusieurs Etats musulmans ne peuvent avoir un bilan aussi honorable que celui de certains pays d’Europe de l’Ouest. Actuellement les grandes capitales musulmanes de la finance islamique sont Dubaï et Kuala Lumpur en Malaisie. De son côté, Dubaï est encore plus ambitieux, car il veut se positionner - à l’horizon 2016 - comme la référence mondiale pour la finance «sharia compliant». Mais qu’en est-il des autres pays musulmans ?
Le Maghreb, à la traine
Au Maghreb - pour n’évoquer que cette région - la finance islamique est très timide, voire quasi-inexistante. En Tunisie, la loi gérant ce type d’activité, pourtant élaborée depuis décembre 2012, n’a toujours pas pu être examinée et adoptée par l’Assemblée nationale, rapporte le site Kapitalis. L’Etat est un peu bloqué, car il envisageait l’émission d’un milliard de dinars de sukuks, d’ici la fin de l’année. Sur les 21 banques exerçant dans le pays, deux seulement (le groupe Al Baraka et la Banque Zitouna) offrent des services financiers obéissant aux principes de la charia.
Pour sa part, l’Algérie compte deux banques islamiques (Al Baraka Bank, filiale d’un groupe saoudien, et Al Salam Bank Algérie, filiale d’un groupe émirati), sur la vingtaine de banques exerçant dans le pays. Ces établissements proposent des produits islamiques assez classiques sans cadre réglementaire spécifique.
Au Maroc, les produits de finance islamique peinent à décoller. Dès son accession au pouvoir, le PJD en a fait l’un de ses fers de lance. Courant 2012, Nizar Baraka, alors ministre de l’Economie et des Finances, avait annoncé - pour octobre 2013 - les premières autorisations de banques islamiques au Maroc. Mais le projet de loi y afférant, qui devait être voté à fin avril dernier, est toujours en stand-by.
En mars 2013, un responsable chez Bank Al Maghrib avait révélé que l’Institution préparait la création d’un charia board. Mais jusqu’à présent on ne sait où en est le dossier. Pourtant, les grandes banques nationales à l’instar de BMCE, n’attendent que le cadre législatif favorable pour accélérer la cadence. Surtout que, d’après une étude réalisée par le cabinet français IFAAS en 2012, 94% de la population est favorable à l’idée d’épargner leurs avoirs dans des banques islamiques.