La première, la convention 138 de l’Organisation internationale du travail, laquelle interdit le travail des enfants, donc - de moins de 15 ans. Et la seconde, la 182, interdit les pires formes d’emploi pour les mineurs âgés de 15 à 18 ans.
Notre pays s’est aussi engagé à appliquer d’autres mesures légales : la loi sur l’obligation de l’enseignement fondamental jusqu’à 15 ans et celles contenues dans le code du travail qui fixe l’âge d’admission au travail à 15 ans révolus.
Danger au travail
Le code, qui interdit le travail dangereux, dresse aussi une liste de travaux interdits à ces mêmes enfants. Il prévoit des sanctions en cas de non-respect de l’âge minimum d’admission au travail et punit d’une amende de 25 000 à 30 000 DH tout employeur qui engagerait un salarié de moins de 15 ans, voire du double, en cas de récidive, ainsi qu’à une peine de prison pouvant aller de 6 jours à 3 mois.
Enfin le ministère de l’Emploi travaille, de son côté, à l’élaboration d’un projet de décret visant à définir les travaux dangereux interdits aux enfants de moins de 18 ans. En cas d’adoption, ce texte permettra de lutter efficacement contre le travail domestique des enfants âgés de moins de 15 ans et garantir une protection plus élargie au profit des enfants de 15 à 18 ans…
La dure réalité
Voilà pour la loi… Et si elle se veut dure, elle n’en révèle pas moins une autre, celle de la dure réalité d’une société aux prises avec l’une des questions les plus cruciales de notre temps, celle du travail de ces petits humains corvéables, qu’il faut encore appeler enfants…
Est-on encore un enfant lorsqu’on doit travailler ailleurs qu’à l’école, lorsqu’on est levé, aux aurores, que l’on prend le bus, ou que l’on marche, seul, ou avec les petits collègues, d’autres gosses, pour s’en aller gagner sa croute dans un atelier ?
Et si on l’a été, un enfant, est-ce à dire qu’on a eu droit à une enfance ? Que l’on en connaît-on seulement le sens ? Ou celle-ci ne s’est-elle pas plutôt passée à dénombrer, la longue liste des manques et des impossibilités qui font qu’à 10 ou 15 ans, les enfants n’ont pas tous le même âge ? Qu’ils n’ont pas non plus le même corps, les mêmes bras, les mêmes blessures – oui les enfants ont tous des accidents, mais tous n’ont pas des accidents du travail…
Hanté par l’argent
Est-on un enfant lorsqu’on est déjà hanté par l’argent, qu’il faut ramener, par le prix de l’augmentation des denrées de base… Par le visage résigné, d’une mère, qui n’a pas eu d’autre choix que de vous faire avaler votre premier café à 7 ou 8 ans pour vous donner la force de vous envoyer au turbin... Par la présence d’un père impuissant sur les traces duquel vous marchiez déjà avant d’être né.
Une loi donc, - comme toutes la autres, elle dispose pour l’avenir, et on le sait, n’a pas d’effet rétroactif… Car il est bien entendu que l’on ne peut rendre à un enfant qui travaille à l’usine, ou à l’atelier, la vie d’enfant qu’il n’a jamais eu.