«Nous n’aurons pas de difficultés comme c’était le cas avec Chabat. J’en suis convaincu», déclare Benkirane, dimanche soir dans une émission spéciale diffusée sur 2M et Al Oula. C’est la conviction du chef de gouvernement. «Il (Chabat, ndlr) a bien fait de se retirer, et j’en rends grâce à Dieu». Le secrétaire général du PJD est revenu sur les longues semaines de négociations avec le RNI de Mezouar, affirmant qu’elles ont connu des «hauts et des bas» à cause justement des divergences entre les deux partis sur le ministère des Finances. Benkirane a estimé que «c’est normal de garder le secret» des tractations.
«La coordination avec le roi est légale»
Interpellé par les journalistes sur le retour en force des technocrates, le chef de gouvernement a défendu leurs présences au sein de son cabinet. Il n’a pas tari d’éloges sur le parcours de Rachid Belmokhtar à l’Education nationale et Mohamed Hassad à l’Intérieur. Dans sa plaidoirie, Benkirane a clamé, haut et fort, que «le roi ne m’a imposé aucun nom» et de lancer aux journalistes que «le chef de gouvernement ne fait pas ce qu’il veut, c’est le roi qui est le chef de l’Etat».
En revanche, il a reconnu que «la coordination avec le palais est légal. C’est le roi qui nomme le gouvernement», précisant que «se concerter avec le roi est un honneur pour moi». Toutefois, il n’a pas expliqué à l’opinion publique, si c'est lui qui est à l’origine de la proposition de Belmokhtar et Hassad ou bien le souverain ?
La nomination d’El Alamy est un message au patronat
«Lorsque Salaheddine Mezouar m’a proposé le nom de Moulay Hafid El Alamay, je l’ai accepté sur le champ», avance Benkirane. «Nous avons pensé que nommer un homme d’affaire à la tête du département de l’Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique est de nature à rassurer le monde des Affaires», a-t-il reconnu.
Défendant l’octroi d’un super ministère à l’ancien président de la CGEM (Confédération générale des entrepreneurs du Maroc), le chef de gouvernement a encensé le parcours d’El Alamy, reconnaissant que sa présence au sein du cabinet est «un acquis».
Sur l’octroi de huit ministres au RNI, Benkirane a dit que «Mezouar a demandé sept postes et je lui ai donné huit». Quant à l'augmentation des membres de son gouvernement, le PJDiste a nié son passé, d'ailleurs très récent, de fervent partisan d’un cabinet restreint, «c’est Lahcen Daoudi qui en faisait la promotion». C’est pour dire qu’il n’a jamais défendu une telle option. Par ailleurs, à en croire Benkirane, le fonctionnement du gouvernement ne coute pas grande chose aux contribuables, «c’est 0,01% du budget. C’est 20 millions de dh par an».
«Le citoyen marocain est content de la stabilité»
L’indexation a constitué le moment de tension, par excellence, de l’émission. Benkirane a justifié le recours à une telle mesure par des impératifs économiques, promettant de réduire les prix des carburants si le baril de pétrole descendrait sous les 105 dollars.
Au passage, il a surenchérit que les Marocains l’ont accepté et refusé de participer à des «initiatives politiciennes», une allusion plus que transparentes à la marche de Chabat du 22 septembre à Rabat. Et puis, il s’est emporté et a oublié les chiffres et le taux de croissance pour dire que «c’est une grande victoire pour le peuple marocain que ce gouvernement ne soit pas tombé».
Il est fort probable que Hamid Chabat demandera à la HACA un droit de réponse télévisé pour répondre aux attaques de Benkirane. Le PJD l'avait réclamé, en septembre 2007, au lendemain d'un entretien sur 2M de Fouad Ali el Himma, à l'époque député. Les islamistes avaient eu gain de cause.