Après trois mois de négociations, Benkirane II a, en fin, vu le jour. Cet après-midi, le roi Mohammed VI a nommé les membres du 34ième gouvernement. Une équipe étoffée par rapport à sa première version : de 31 ministres elle est passée à 39. Une augmentation qui profite aux femmes, elles sont, désormais six contre une seule, auparavant : Deux du PJD ( Bassima Hakkaoui : ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social et Soumiya Benkhaldoun : ministre déléguée auprès du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres) deux du RNI (M’Barka Bouaida : ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération et Fatema Marouane : ministre de l'Artisanat, de l'Economie sociale et solidaire.), une du PPS (Charafat Afilal: ministre déléguée auprès du ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, chargée de l'eau) et une du MP (Hakima El Hiti : ministre déléguée auprès du ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, chargée de l'environnement).
L’Intérieur et l’Enseignement aux technocrates
Benkirane a eu beau réitérer que son cabinet était hautement politique mais les faits le contredisent aujourd’hui. Sa nouvelle équipe marque le retour en force des technocrates. Ils occupent des départements clés, comme l’Education nationale dirigé par Rachid Belmokhtar. L’ancien directeur de l’université Al Akhawayn a déjà occupé le même poste de 1995 à 1998. C’est une personnalité très estimée au Maroc. Une nomination totalement en phase avec le discours du roi du 20 août dernier, consacrée à l’échec de l’enseignement au Maroc, dans lequel le roi avait notamment appelé à épargner le secteur des calculs politiciens.
Un autre technocrate signe un retour triomphal, il s’agit de Mohamed Hassad à la tête du ministère de l’Intérieur. La parenthèse d’un partisan à la tête de ce tentaculaire département est, donc, terminée. Hassad, un ancien directeur général de la RAM et deux fois walis à Marrakech et Tanger, est appelé à superviser les élections communales, de la Chambre des conseillers et des régions prévues entre 2014 et 2015. Ces deux technocrates s’ajoutent à Ahmed Taoufiq : ministre des Habous et des Affaires islamiques, Driss Dahak : secrétaire général du gouvernement, Abdelatif Loudyi : ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l'Administration de la Défense nationale et Charki Draiss, absent pour cause de pèlerinage à la Mecque, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur.
Les concessions du PJD au RNI
Finalement, Mezouar a monnayé au prix fort sa participation au gouvernement. Il hérite de huit départements dont le prestigieux ministre des Affaires étrangères revenu à Salaheddine Mezouar. Il est secondé par M’Barka Bouaida, également RNIste. La Sahraoui, issue d’une famille très connue dans la région, était présidente de la commission des Affaires étrangères au parlement (2007-2011). Les partisans du parti de la Colombe occupent le département de l’Economie et des Finances mais le PJD a réussi à maintenir la présence d’Idriss Azami Idrissi à la tête du Budget. Benkirane a sauvé les meubles.
Le gâteau gouvernemental âprement disputé
Jamais dans l’histoire du Maroc, un gouvernement n’a vu les ministères autant divisés. En voici quelques exemples : Mohamed Najib Boulif quitte les Affaires générales du gouvernement pour tout un nouveau poste : ministre délégué auprès du ministre de l'Equipement, du Transport et de la Logistique, chargé du Transport. Et il n’est pas le seul : Soumiya Benkhaldoun est ministre déléguée auprès du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, Abdeladim Guerrouj occupe le poste de ministre délégué auprès du ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle, Charafat Afilal devient ministre déléguée auprès du ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, chargée de l'eau et Mamoun Bouhadhoud a été nommé ministre délégué auprès du ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'investissement et de l'économie numérique, chargé des petites entreprises et de l'intégration du secteur informel.
Force est de constater que l’impératif du programme était largement absent lors de la formation de ce cabinet, c’est plutôt la répartition du gâteau gouvernemental qui est à l’origine de cette division.