C’est hier soir que l'ex-avocat du barreau de Paris, Karim Achoui, a officialisé la naissance d’une «Ligue de défense judiciaire des musulmans». Première action d’envergure de cette néo organisation : une plainte contre Charlie Hebdo, l’hebdomadaire français qui avait caricaturé le prophète Mohamed et visé le Coran en 2011 et 2012. Selon l’ancien avocat, cité par le Figaro, la «Ligue de défense judiciaire des musulmans» qui a été lancée cet été sera chargée de «défendre judiciairement les individus victimes de discriminations fondées sur leur appartenance supposée ou réelle à la religion de l'Islam et leur convictions religieuses».
L’organisation ambitionne, poursuit la source, de mettre en place «une cellule de veille des actes islamophobes» susceptibles de recevoir «une qualification pénale et civile». Par ailleurs, elle compte également «lutter contre les discriminations islamophobes» et «accompagner et conseiller les individus qui en sont victimes en raison de leur pratique religieuse dans l'espace public ou privé». Sur la page Facebook de la LDJM, Karim Achoui, a indiqué qu’elle sera une réponse à des «violences inacceptables». «La ligue se veut salutaire à la cohésion d'une société française laïque et démocratique», a précisé son fondateur.
«Charlie Hebdo» première cible de la bataille contre l’islamophobie
D’ailleurs, l’avocat compte d’emblée regagner les tribunaux. Cette fois en tant que défenseur des musulmans. «La première plainte sera déposée cette semaine à l'encontre de Charlie Hebdo», a-t-il confié à l'AFP. Selon l’ex avocat, celle-ci portera précisément sur des caricatures récentes, datant du conflit en Egypte, où le journal satirique montrait un Coran en disant: «le Coran c'est de la merde, ca n'arrête même pas les balles». «Un certain nombre de nos coreligionnaires ont considéré qu'il y avait là une incitation à la haine raciale et, il nous est apparu nécessaire, avec Jean-Marc Florand et d'autres avocats, comme Roland Dumas, de poursuivre Charlie Hebdo», a détaillé Achoui.
Pour lui, la LDJM doit avoir une «vocation offensive à l'égard de ceux qui se servent de caricatures et de la liberté d'expression, pour diffuser des messages subliminaux dont certains dirigeants politiques se servent au mépris des libertés fondamentales». «Nous souhaitons donc aller au delà de la lutte contre la discrimination car aujourd'hui, le racisme a fait place en France à une forme d'islamophobie», s’insurge-t-il. Et d’ajouter : «ceux qui décrient la religion musulmane ne la connaissent pas et s'en moquent, c'est une manière distanciée et intellectuelle de dire finalement on n'aime pas les arabes, mais comme c'est difficilement soutenable en 2013, on préfère se réfugier sous le principe de la laïcité».
Contrecarrer la loi sur le voile intégral
Avec la naissance de la LDJM Karim Achoui se fixe comme objectif de «structurer les communautés car, selon lui, la seule manière en France de faire valoir ses droits, c'est de s'organiser». «On n'opposera pas aux musulmans la laïcité. La laïcité, c'est la neutralité. C'est l'Etat qui ne se mêle pas du religieux», a-t-il souligné sur RTL. Pour lui, les musulmans doivent pouvoir se prévaloir de leur convictions religieuses et même de leurs habits religieux dans l'espace privé comme dans l'espace public». «Je serai aux femmes voilées celui qui leur dira de maintenir leur position parce qu'on ne peut pas dévoiler une femme qui est saisie d'un engagement spirituel», a-t-il expliqué.
Par ailleurs, c’est ce mardi que s’ouvre son procès concernant son agression du 22 juin 2007, vraisemblablement menée par des hommes réputés pour le grand banditisme. «Je vais affronter celui qui a tenté de m'assassiner six ans plus tôt, sans colère, sans rage et sans idée de vengeance», a expliqué Karim Achoui à BFMTV. L’ex avocat aurait décidé de s’inscrire au barreau d’Alger.