Woussoul : Un projet web pour identifier les lieux accessibles aux personnes à mobilité réduite

Pour un handicapé au Maroc, se rendre au restaurant ou autre lieu de loisir n’est pas chose aisée, car les propriétaires de locaux parfois oublient cette catégorie de la population. Lorsqu’ils y pensent, la difficulté est ailleurs : il faut les repérer. Une tâche qui n’est souvent pas facile, car l’information circule généralement de bouche-à-oreille. Le projet web Woussoul a été mis en place pour répondre à cette problématique. Lancé en février 2013, il est disponible en version bêta, à la fois sur Android et iPhone.

A la base de cette idée ingénieuse, Soufiane Hassou, lui-même handicapé. «Au départ, c’était un problème personnel. J'en ai ensuite parlé avec mes amis et c’est ainsi que nous avons travaillé là-dessus, car beaucoup d’autres personnes sont concernées par cette réalité», explique le fondateur du projet à Yabiladi. C’est à partir de leurs multiples rencontres que «l'idée a évolué par la suite vers une application générale visant à fournir un maximum d'informations sur les endroits accessibles. Grace à la mobilisation de développeurs volontaires et une subvention du MEPI [Maison européenne des procédés innovants, ndlr], nous avons pu mettre en place la première version de l'application pour Android et iPhone», nous explique Oussama Abdellah Benhmida, Co-fondateur du Woussoul.

346 lieux accessibles uniquement sur Rabat

Afin de mieux s’équiper pour la réussite de ce projet, l’équipe s’est associée à la Jeune Chambre Internationale Rabat (JCI), dont font partis certains membres du Woussoul. L’ONG a pris en charge la communication et l'identification des lieux sur l'application web au niveau local. Cela a permis d’identifier, à jour, 346 lieux accessibles aux personnes à mobilité réduite dans la capitale politique. Ces différentes identifications se sont faites lors de «tournées de checking», confie à Yabiladi Yassine Bouchaba, Vice-président exécutif de la JCI Rabat. «Une dizaine de jeunes descendent sur le terrain pour répertorier les endroits accessibles aux personnes handicapées», explique-t-il.

Actuellement, l’équipe de Woussoul compte élargir la couverture nationale. «Il est actuellement diificile qu’un utilisateur se connecte depuis Marrakech ou Tanger. Pourtant il nous faut également des informations concernant les grandes villes comme Casablanca, Marrakech, Tanger, …», souligne Soufiane Hassou. Pour ce faire, l’équipe de projet envisage créer des partenariats avec différentes associations et organismes à travers le royaume.

Faire pression sur les lieux mal notés

Toutefois, le projet ne vise pas uniquement l’identification de lieux accessibles aux personnes handicapées. Selon M. Benhmida, il s’agit également de «faire pression sur les propriétaires mal notés sur le système afin qu'ils puissent améliorer leur accessibilité». En effet, les données collectées lors de l’identification des lieux accessibles pourront servir à «exercer une forme de plaidoyer indirecte pour avoir plus d'accessibilité», ajoute-t-il, regrettant que «les textes de lois sur l'accessibilité sont soit maigres soit non appliqués. Nous espérons que notre projet aidera à aller de l'avant sur ce point».

Cependant pour prétendre aller vers ce second objectif, il va falloir du temps, vu que les localisations indexées restent peu nombreuses pour l'instant. «Nous avons besoin d’un plus grand nombre d’utilisateurs qui renseigneront sur les lieux non accessibles», relève M. Hassou.

Le transport urbain, «un gros problème»

Le Maroc compte envrion 1 500 000 handicapés, d'après le dernier recensement de 2004. Ceux, parmi eux, qui ne disposent pas de smartphones, pourront toujours recourir au site web dédié. «Dans une version plus évoluée, l'équipe pense à inclure une dimension SMS, mais vu la complexité liée aux noms des lieux nous n'avons toujours pas trouvé comment la mettre en pratique», souligne M. Benhmida.

Par ailleurs, l’équipe de Woussoul «pense à intégrer le transport urbain dans le projet», indique M. Hassou, soulignant que ce n’est pas encore jusqu’à lors, en raison de la particularité de ce volet. «C’est un gros problème. Au Maroc, le transport urbain est quasiment inaccessible aux personnes handicapées. Je ne connais aucun bus sur toute l’étendue du territoire qui soit accessible», regrette-t-il. Pourtant en Europe, notamment en France, c’est un problème qui ne se pose pas.