A Kénitra, ville située à quelques 40 kilomètres au nord de Rabat, un homme de 54 ans, à mobilité réduite, ne sait plus quoi faire pour pouvoir bénéficier d’un kiosque, comme prévu par les autorités locales pour les personnes dans son cas. Eljiad Abdellah, «sans revenus» depuis la mort de ses parents, souffre d’une paralysie du coté gauche.
«J’ai 54 ans et ce n’est que maintenant que je m’apprête à me marier. Je n’ai pas les moyens. Mon père est mort en 63, ma mère en 79. J’ai grandi dans un quartier populaire réputé pour la criminalité mais grâce à ma mère, j’ai reçu une bonne éducation», nous raconte l’homme au téléphone, contacté ce lundi matin par nos soins.
Sans réponse
Après la mort de ses deux parents, Abdellah n’a jamais pu travailler, à cause de son handicap nous assure-t-il. En 1984, il entend parler des kiosques mis en place pour les personnes handicapées notamment. Il fait alors une première demande auprès des autorités. Une demande qui restera à jamais sans réponse, selon lui. Mais ce n’est pas tout.
De 1984 à aujourd’hui, il a «au minimum» fait cinq demandes dans ce sens auprès de la Commune urbaine. Selon lui, la dernière en date a été déposée le 30 janvier 2012, puis enregistrée le 17 février de la même année à la municipalité. «La seule solution qui me permettrait de dépasser mon handicap est d’avoir un kiosque. C’est mon droit», souligne-t-il.
Mais à ce jour, aucune réponse, «négative ou positive», ne le lui a été fournie, déplore Abdellah. «Ils ont fermé toutes les portes à ma portée». Cerise sur le gâteau, selon ce dernier, l’emplacement qu’il convoitait lors de sa dernière demande en 2012, a été donné à quelqu’un d’autre «de plus aisé» qui ne le mériterai pas, selon lui. «C’est vrai qu’il est amputé d’un pied, depuis un accident de moto dans lequel il était le seul fautif. Mais il ne le mérite pas. Si c’était quelqu’un d’autre qui le méritait, comme cette jeune fille diplômée et au chômage, je n’aurai pas protesté».
Selon Abdellah, «il a les moyens (ndlr : financiers) nécessaires pour faire autre chose». «De plus ce n’est pas lui qui y travaille, mais il le loue à une autre personne pour 3000 dirhams mensuels», regrette-t-il, réclamant «l’ouverture d’une enquête pour savoir s’il n’y a pas eu «des choses décidées sous la table», dans cette affaire.
Pas assez de kiosques pour tout le monde
Pour en savoir plus, nous avons pris contact avec la Commune urbaine de Kénitra, actuellement sous la tutelle d’Aziz Rabbah, par ailleurs ministre de l’Equipement et des Transports. En l’absence du responsable de ce dossier, «en congé» selon le standard, une source municipale nous a expliqué qu’il n’y avait en réalité «pas assez de places pour tout le monde».
«On doit revoir les critères demandés concernant la distribution des kiosques, il y a beaucoup de demandeurs, tous aptes pour en bénéficier, mais peu d’emplacements malheureusement», explique-t-on. «Pour l’instant aucune décision n’a encore été prise à ce sujet», a ajouté la même source. Affaire à suivre donc.