Attijariwafa Bank (AWB) vient de publier ses résultats pour le premier semestre 2013. Dans l’ensemble, ils sont loin d’être excellents, car le groupe a enregistré un résultat net consolidé (RNC) et un résultat net part du groupe (RNPG) respectivement en baisse de 1,9 % (2,7 milliards de dirhams) et de 4,8% (2,2 milliards de dirhams), rapporte Jeune Afrique. Et ce, malgré une amélioration du produit net bancaire (PNB) de 4,7 %, à 9,1 milliards de dirhams.
Cela est clairement dû au contexte difficile qui sévit actuellement au Maroc avec, notamment, le ralentissement de la croissance économique, la contre-performance des marchés financiers locaux, ainsi qu’une augmentation du coût du risque, a expliqué la Banque.
Croissance des résultats soutenue par l’Afrique subsaharienne
Cependant, la baisse du résultat d'AWB aurait pu être plus grave sans compter la forte croissance de ses filiales africaines qui a permis de limiter la casse. En effet, la contribution de la banque de détail à l'international (BDI) au RNPG s'est accrue de 31,2 % pour atteindre 363,8 millions de dirhams, soit plus de 16%. A noter que cette activité est menée en Tunisie, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Mali. De plus, le groupe dirigé par Mohamed El Kettani démarrera bientôt ses activités au Togo, où il a signé en mai dernier pour l’acquisition de 55% du capital de la Banque internationale pour l'Afrique.
Les autres grands groupes bancaires du royaume n’ont pas encore publié leurs résultats semestriels, mais l’on imagine bien qu’ils seront soutenus par la forte croissance des filiales et participations africaines. En effet, la Banque marocaine de commerce extérieur (BMCE), à titre d’exemple, bénéficie bien de sa présence dans une dizaine de pays africains. En 2012, le groupe a dégagé un profit de 850 millions de dirhams (hausse de 4%), dont 36% émanaient de ses filiales et participations subsahariennes.
Les autres secteurs à l'affût
Toutefois, les entreprises du secteur bancaire ne sont pas les seuls à trouver leurs comptes en Afrique. C’est en effet avec beaucoup de fierté qu’Abdeslam Ahizoune, président du directoire de Maroc Telecom, a présenté, en juillet dernier, les résultats du groupe au titre du premier semestre 2013. Et pour cause, le résultat net du leader marocain des télécoms a grimpé de 12% grâce, entre autres, à «l’essor rapide de ses filiales africaines», au moment où la conjoncture au Maroc fait défaut, soulignait M. Ahizoune.
D'autres secteurs ont compris l'importance de chercher de la croissance hors des frontières quand celle du Maroc ralentie. Dans l’immobilier et les BTP, Addoha est l'un des pionniers de l’expansion africaine avec ses multiples contrats de construction de logements sociaux et d’usines en Afrique de l’Ouest et du Centre. D’ailleurs depuis plus d’un an, le groupe d’Anas Sefrioui fait beaucoup plus parler de lui pour ses investissements de l’autre côté du Sahara. Surtout que le secteur immobilier local, qui passe par une crise de liquidité sans précédent, est l’un des premiers impacté par la conjoncture qui prévaut actuellement. Plusieurs entreprises concentrées sur le marché national sont même arrivées au dépôt du bilan.
Les PME font leurs premiers pas
Force est de constater que ce sont principalement les grands groupes qui partent à la conquête du marché africain. Toutefois, certaines PME entendent pouvoir jouer leur partition dans cette stratégie. Ainsi depuis quelques mois, les exportateurs marocains cherchent à intensifier les échanges avec l’Afrique centrale, toujours dans l'optique de contrecarrer les effets de la conjoncture chérifienne. Leur association (ASMEX) négocie même pour l’ouverture d’un bureau à Douala au Cameroun, afin de s'assurer un meilleur contact avec les opérateurs locaux. C’est dire que si les grandes firmes disposent de grands moyens politiques et financiers pour se déployer, les petites et moyennes entreprises aussi, essaient de se trouver une place au soleil, au moment où le marché européen est devenu quasiment inaccessible.