Un bâtiment appartenant au Maroc, situé dans le quartier Le Plantage, à Amsterdam a depuis quelques heures de nouveaux occupants. Dimanche, vers 17 heures, un groupe d’une cinquantaine de squatteurs arrivé sur place s’est approprié les lieux, a fait savoir la chaine de télévision néerlandaise AT5, basée à Amsterdam.
Jusqu’en 2011, l’immeuble, d’une superficie de 2 000 mètres carrés, abritait une des sections du Musée zoologique d’Amsterdam, affilié à l’Université de la ville. Mais depuis, le lieu a été mis en vente. Le Maroc, qui cherchait à l’époque un lieu pour abriter un de ses nouveaux centres culturels marocains, conformément à l’initiative «Dar Al Maghrib», lancée par l’ancien ministre en charge de la Communauté marocaine de l’étranger Mohamed Ameur, se l’était alors offert.
Vide depuis 2 ans
Aujourd’hui, deux ans après l’acquisition, l’immeuble est toujours vide et le projet de centre culturel marocain à Amsterdam, à l’instar de ce qui a été fait notamment à Montréal, n’a jamais vu le jour. «Ça fait deux ans que ce bâtiment, qui est inscrit comme monument historique d’Amsterdam, est vide. Le Maroc l’avait acheté dans le cadre de sa politique migratoire et culturelle à travers le monde. Ça a coûté au Maroc bien plus que ce qu'on n'imaginait : 2 millions et 200 milles euros», souligne Abdou Menebhi, militant associatif marocain installé aux Pays-Bas, qui préside entre autres le Centre euro-méditerranéen pour la migration et le développement (EMCEMO), joint ce matin par Yabiladi.
«Seulement, le problème», selon Abdou Menebhi, c’est que ça a été fait à la «Marocaine». Vu qu’il s’agissait d’un ancien immeuble, «il fallait près de trois millions supplémentaires pour le refaire et dans le budget 2013 du ministre des MRE, rien n’est mentionné à ce sujet». Le projet est donc resté sans suites.
Aussi, il n’y a pas eu de «programme» pour accompagner la concrétisation du projet, déplore-t-il. «Il n’y a pas eu réellement une implication de la part des associations marocaines d’ici», en termes de soutien notamment, estime-t-il. «C’est aussi le résultat de la faillite de cette politique» voulue par le Maroc, regrette-t-il.
Débat raciste
Selon Abdou Menebhi, l’affaire des squatteurs a également donné lieu à un «débat raciste» à Amsterdam. «En réaction à cette affaire, un député du Parti populaire libéral, le VVD (ndlr : Volkspartij voor Vrijheid en Democratie) a suggéré d’utiliser la méthode marocaine pour vider les lieux», explique-t-il. Par «méthode marocaine», le député, Joel Andoetoe, a sous-entendu «répression policière», précise Menebhi. A en croire ce dernier, la suggestion de Joel Andoetoe n’a pas plu à tout le monde. «Certains, dont les squatteurs eux-mêmes, y ont vu un appel à la violence». D’autres ont considéré, que vu l’état des lieux, laisser ces gens sans domicile loger sur place était la solution la plus adéquate.
En tout cas, jusqu’à ce lundi matin, il n’y a eu aucune intervention policière. Rien n’a été entrepris non plus du coté des autorités marocaines. Les squatters, qui, aux dernières nouvelles, compteraient un Marocain parmi eux, continueront donc à occuper les lieux jusqu’à nouvel ordre.