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Grand Angle

Manifestation contre la grâce royale du pédophile : Quand le Makhzen a peur des Bisounours !

Lorsque des milliers de personnes ont défilé à Casablanca lors de la marche blanche contre la pédophilie, les télés publiques, la MAP, tous ce que le Maroc comptait d'officiels avaient applaudi. 15 mois après, une marche contre la grâce royale d'un pédophile espagnol condamné pourtant à 30 ans de prison ferme, a reçu un accueil beaucoup moins chaleureux.

Publié
La journaliste Nadia Lamlil, en état de choc après avoir été frappée par les forces de l'ordre / DR
Temps de lecture: 4'

21h20 j’arrive en voiture au centre ville de Rabat. Je traverse tout le boulevard Mohamed V pour aller me garer vers la gare. Je vois des centaines de policiers et agents des forces auxiliaires (mroud) qui se préparent. Casques, gourdins, ils écoutent leur supérieur qui à coups de grands gestes de bras explique le placement et la tactique, comme s'il dirigeait une équipe de foot. J’ai vu trop de manifestations et ne me fais aucune illusion : ça va bastonner avant même que les slogans ne fleurissent.

Un groupe de petits jeunes, pas encore tout à fait adultes, que j’ai retrouvé devant le café Balima, en face du parlement, piaffaient d'impatience et affutaient leurs slogans puisés dans un profond et sincère patriotisme. Qu'ils étaient beaux tous ces primo-manifestants armés de leur seul courage assis autour de moi, leur aîné de 35 ans, un homme presque jeune, comme s'était décrit Albert Camus. Il n'était que 21h40, mais déjà deux jeunes filles tentaient de me convaincre de leur courage en me contant leurs faits d'armes quand elles étaient au collège. En vieux singe, je faisais mine d'être impressionné mais je me doutais bien que les choses allaient se corser lorsque la manifestation prévue à 22h commencera. Cela n'a pas tardé.

Quelques minutes après, à quelques mètres de nous, un homme hausse le ton. "Je suis dans mon pays. Je ne fais rien de mal. Pourquoi voulez-vous que je parte ?", crie-t-il, seul, autour d'une dizaine de policiers menaçants. Les forces de l'ordre s'impatientent, créent le désordre en poussant les personnes présentes et qui tardaient à obtempérer. Les jeunes tout autour commencent à siffler et huer leur attitude agressive. Les premiers coups de gourdins caressent "affectueusement" les cuisses d'un groupe de manifestants. Un cri sort du brouhaha de la foule :"Vive le peuple". Un cri qui résonnera comme un ordre d’attaque chez tous les mrouds.

Les trottoirs n'aiment pas les mroud

L’assaut est lancé. La charge sera violente. Les forces auxiliaires défoncent littéralement les 4 tables autour desquelles nous étions assis. Un merda ascendant taureau a vu rouge, fonçant tout droit et défonçant tout sur son passage. Tables retournées, verres cassés, bouteilles de soda éclatées, il continu sa folle épopée tel un cow-boy pourchassant quelques inoffensifs indiens ascendant bouddhiste. Puis c’est la chute ! Un trottoir qui ne devait pas aimer la tournure que prenait les choses et venu s’interposer, arrêtant net son assaut. Le corps du merda s’est alors minablement rétamé sur la chaussée, la tête casquée caressant les pneus des voitures stationnées.

Personne n'a osé rire. Au contraire, les filles, anciennes canailles au collège, semblaient tout à coup moins confiantes. Un jeune homme à ma gauche avoua en darija : "Je vous le dis tout de suite, moi je ne suis pas du tout porté sur la violence !" Ni une, ni deux, tout le groupe de jeunes se dispersa, me laissant seul devant une table désormais vide de toute boisson. Ahmed Benchemsi, ex-directeur du magazine TelQuel, qui passait pas loin me dira : "Bah alors, qu'est-ce-tu fais assis seul ?" J'avais envie de lui répondre que mes amis Bisounours m'avaient quitté. Mais je ne les blâmais pas pour autant. Il faut avoir du courage pour venir passer son baptême du feu en cette occasion historique. Ecoutant leur cœur, ils ont répondu présent. La prochaine fois, ils reviendront toujours aussi dignes mais avec une dose de courage en plus.

Horrible reflet, cassons le miroir !

J’entends ici et là les premiers cris de douleurs, je croise les premiers blessés, la tête en sang, le visage tuméfiés, d’autres s'éloignant en boitant la main sur une hanche. Les gyrophares des ambulances illuminent le ciel étoilé de Rabat. On dirait un champ de bataille. On se croirait à Waterloo avec les mroud composant l’armée de Napoléon. Une guerre déclenchée par les forces de l’ordre face à des manifestants pacifistes. Le Makhzen a réussi à éviter un rassemblement de militants Bisounours dont la seule arme était des slogans plein de dignité. Mais il a perdu la guerre de la peur. Les violents assauts étaient autant de preuves que le pouvoir est tétanisé par la légitimité de ces jeunes. Cette jeunesse rassemblée devant le parlement a agi comme un miroir de cette lourde faute commise au plus haut sommet de l’Etat. Le reflet renvoyé est horrible. On a préféré casser le miroir.

Tous les Marocains ne peuvent que se reconnaitre dans le visage de ces jeunes. Comment être insensible devant cette femme qui crie devant les policiers sa peur. Sa peur suite à la libération d’un pédophile, gracié après 18 mois de prison alors qu’il aurait du y passer 30 ans. Comment ne pas être horrifié par la lèvre ensanglantée de Younès Lazrak, un animateur télé qui ne se sépare jamais de son large sourire. Comment ne pas être ému par les larmes de Nadia Lamlili, une journaliste au doigt ensanglanté, choquée par les coups de gourdins qu’elle venait de recevoir. Comment ne pas se reconnaitre dans les photos des dizaines de manifestants jeunes et moins jeunes, blessés au visage, à la tête, sur tout le corps.

Les Bisounours sont vos amis

Même certains policiers et mroud commençaient à douter de la légitimité de leur barbarie. Certains refusant de frapper, d’autres invitant discrètement les manifestants à s’éloigner. Ils sont pour l’instant encore peu nombreux nos partisans de la désobéissance civile. Mais le courage de ces jeunes qui sont peut-être leurs voisins, leurs amis, leurs cousins, la légitimité de leur cri, pourraient avec le temps faire changer les consciences. Les policiers comme les agents des forces auxiliaires ont des enfants, des neveux et nièces et ne peuvent rester indifférents à l’horreur de la libération d’un pédophile ayant violé 11 de nos enfants.

A l’heure où ces dizaines de concitoyens soignent leurs ecchymoses, il faut souligner que toutes les blessures physiques ne sont rien face à la blessure profonde infligée à un peuple, une douleur morale qui a provoqué l’indignation la plus remarquable depuis l’indépendance de notre pays. Alors même avec le visage couvert de sang, je voulais par ce texte vous dire tout simplement : on vous aime les Bisounours. Vous êtes la fierté de tout un peuple ! 

monarchie parlementaire ou le toufan
Auteur : schwarzkopf
Date : le 03 août 2013 à 18h10
le mur de peur est détruit,point de recul
la faute a été commise,doubelement
en violant la justice marocaine et en violant le droit des marocains a crier leur ras le bol
plus rien ne nous empéchera de demander ce qu´on veut
UNE MONARCHIE PARLEMTNAIRE
Le commencement de la fin!
Auteur : Aziz 67
Date : le 03 août 2013 à 18h00
La superiorite morale de la dynastie a ete demolie par une grace royale.
Les islamistes vont'ils etre complice du makhzen, vont-ils endorser ce deshonneur national pour leur propre survie?
Triste réalitée
Auteur : HamzaEHA
Date : le 03 août 2013 à 17h53
Reaction d'un gouvernement élu pour le peuple, démocratiquement, la violence, la haine, envers un rassemblement pacifique.

Ce gouvernement envoi ces cohortes de mercenaires pour faire taire la rue qui gronde de ses erreurs.

Les différents ministres responsables ainsi que le chef du gouvernement devront répondre devant les tribunaux un jour, il existe une cours pénale internationale a La Haye qui se charge de ces donneurs d'ordres.

Non, on n'utilise pas la violence pour répondre a un cri du peuple.

Ou est le Roi ? Qu'attend t'il pour sanctionner ceux qui on conçu la liste des graciés et leur responsable ?

Il faut de nouvelles elections, viront ces incapables pour avoir un vrai gouvernement de gens responsables et intelligents.
Emission spécial MRE
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