Majid d’Khissy, sociologue, auteur d’un ouvrage intitulé "A l’école de l’impunité", paru aux Ed. Le Fennec, essai clair, précis, traitant de la question de la violence et du harcèlement en milieu scolaire, propose une réponse.
En absence, dit-il, pour ces enfants, de possibilités d’avenir, confrontés qu’ils sont, à une forme précoce de déclassement, au sentiment de n’être déjà rien, la violence devient probablement pour eux, le seul moyen d’affirmation et de reconnaissance sociale, opérant sur le mode de la terreur et de la dissuasion de l’Autre par la terreur.
Il en résulte alors une forme de respect obtenu par les coups que l’on donne… Ce qui me reste de vie, dit l’enfant qui frappe et insulte, je vais l’utiliser pour affirmer ma dignité. Usage, donc, d’une violence qui ferait alors de ces enfants des sortes de héros de la négativité.
Et Majid D’Khissy de nous demander d’aller sur youtube, d’aller voir comment deux gamins faméliques, regards voilés, prononciation pénible, l’un de six et l’autre de huit ans, probablement drogués, exhibent leurs scarifications, comme s’il s’agissait d’un acte de bravoure, d’une sorte d’horrible initiation à l’envers.
Un horrible enseignement
Alors, oui, dit le sociologue : ce mode d’affirmation - radical - de soi est sans doute la marque d’un désespoir tout aussi violent, sinon plus, que la violence dont ces enfants qui n’en sont plus, usent, contre eux-mêmes et contre les autres. Les autres qui, au passage, sont les leurs. Majid D’Khissy nous aura prévenu. Ce désespoir est dangereux lorsqu’il prend la forme d’une asocialité radicale, voulue est probablement assumée dès l’enfance !
Alors, qu’apprend-on, à l’école de la violence ? On y sait déjà que l’avenir ne sera pas, que le présent est une double lutte, pour la survie et l’affirmation de soi, que cette lutte est, au départ, tout ce qui reste, pour exister… On y donne, on y reçoit des coups, comme on recevrait des leçons…
Il serait temps que ceux qui dirigent ce pays tirent la leçon de cet horrible enseignement…