Le Fonds monétaire international (FMI) a reconduit sa ligne de précaution et de liquidité (LPL) de 6,2 milliards de dollars en faveur du Maroc, a annoncé l’institution de Bretton Woods dans un communiqué rendu public mercredi 31 juillet.
Rabat, au pas du FMI ?
En effet, le Conseil d’administration du Fonds s’est réuni hier pour peser le pour et le contre de cette décision. Il en est ressorti que le Maroc est sur la bonne voie en faisant preuve d’une volonté certaine de poursuivre les réformes. La ligne de précaution a «permis au Maroc d’obtenir une garantie contre les risques extérieurs et a conforté la stratégie économique des autorités marocaines après la détérioration des comptes fiscaux et des avoirs extérieurs en 2012» a déclaré Nemat Shafik, Directeur général adjoint du FMI, saluant au passage les «mesures significatives» prises par le gouvernement afin de «réduire la vulnérabilité des finances publiques».
Pour mémoire, le FMI a accordé cette ligne de précaution et de liquidité au Maroc le 3 août 2012 pour une durée de deux ans. L'objetif était d'assurer du financement au royaume en cas de difficulté extrême face à la crise de la zone euro, son principal partenaire économique du royaume. La condition pour Rabat était qu’il arrive à réduire ses déficits jumeaux et engage des réformes.
Le FMI avait clairement recommandé au Maroc de supprimer les subventions sur les produits de base, tout en accordant des aides directes aux ménages les plus nécessiteux. Le sujet étant très sensible pour les Marocains, le premier ministre Abdelilah Benkirane a, à plusieurs reprises, dit qu’il ne toucherait pas aux subventions. Mais le rapport saillant du FMI d’avril dernier leur a davantage mis la pression. Sans parler de celui de Natixis publié à mi-juin. Ses conclusions : le système de subventions du Maroc «n’est plus une politique viable».
Quelques jours plus tard seulement, la presse annonçait la réduction prochaine des subventions sur le pétrole et le sucre, avant que le 18 juillet dernier, l’adoption «officielle» par le gouvernement de l’indexation sur les prix du pétrole ne soit confirmée par L'Economiste. Une mesure qui serait, à priori, activée en septembre au plus tard. Mais jusqu’à présent aucune communication ministérielle n'existe à ce sujet. Journalistes, analystes et observateurs estiment que c'est la conséquence directe d'une pression de la part du Fonds.
Pression maintenue
D'après le FMI, la mise oeuvre des réformes au Maroc (dont celle sur l'indexation du prix du pétrole) est une urgence. Le gouvernement a prévu un déficit budgétaire de 5,5% du PIB en 2013 et le Fonds tient à ce que cet objectif soit atteint. Pour ce faire, Nemat Shafik estime qu’il faudrait «un contrôle strict et ferme des dépenses jusqu’à la fin de l’année». Elle note cependant un léger recul du déficit du compte courant, grâce à la baisse des cours des produits de base (pétrole, blé, etc), une hausse des exportations émanant de nouveaux secteurs de production (électroniques, automobile, aéronautique,…), ainsi qu’une baisse des importations des produits alimentaires. «Mais, les réformes structurelles pour renforcer la compétitivité doivent toujours être la priorité [des autorités marocaines, ndlr]», somme-t-elle. A noter que l'une des réformes les plus attendues est celle de la caisse de compensation.
En reconduisant sa ligne de précaution et de liquidité en faveur du Maroc, le Fonds maintient donc la pression sur l'Etat marocain en réclamant un certain nombre d’efforts allant dans le sens de l’institution de Bretton Woods. De son côté, le gouvernement Benkirane n'a pas encore officiellement réagi à cette nouvelle. Nous avons tenté en vain de joindre le ministère de l’Economie et des Finances. Mais l’on imagine bien que cette «confiance» renouvellée du FMI ne pourrait être qu'un soulagement pour Rabat, qui renforcera son image auprès des marchés financiers internationaux. Des marchés auxquels le Maroc pourrait encore recourir après les émissions obligataires de décembre 2012 et mai 2013.