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Tribune

Maroc : Lettre à mon fils, troisième génération de migrants

La réussite scolaire de son enfant est toujours une source de joie pour les parents. Et l’obtention du baccalauréat marque un moment fort dans la vie familiale du diplômé. Certains célèbrent l’évènement avec une petite fête organisée avec les proches ou les voisins. D’autres, comme Fouad, ont choisi d’écrire un petit texte pour féliciter leur enfant. Un texte qui nous a semblé intéressant de publier car il retrace le parcours d’une famille de Marocains résidant à l’étranger qui à chaque génération a le même dilemme : le cœur qui balance entre ici et là bas. Ne pouvant se résigner à se séparer d’une partie d’eux-mêmes, Fouad raconte comment les 3 générations ont choisi d’être tour à tour, ici et là-bas.

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Temps de lecture: 2'

Pour toi Abdelhadi,

Tu as pu constater mon bonheur directement, mais je voulais également te féliciter par écrit pour ta réussite au Bac. Car cette réussite n’est pas seulement la tienne, elle est celle de 3 générations de Marocains qui ont toujours eu un pied ici et un pied là bas.

Il y a plus de 60 ans, ton grand père quittait ses montagnes au Maroc. Il parti combattre dans une contrée lointaine un ennemi qui n'était pas le sien. Il était prêt à donner sa vie dans l'espoir d'un avenir meilleur, pour lui, pour sa famille!

Arrivé en France en 1954, il a pendant toute sa jeunesse, et même toute sa vie, consenti tant de sacrifices, donné le meilleur de ses années avec un seul et unique rêve : revenir un jour au Maroc dans de meilleures conditions.

En France, il nous a éduqués avec abnégation et modestie. A la maison il nous a inculqué nos culture et traditions marocaines avec les moyens du bord. Il nous a appris à respecter la différence culturelle et à porter honorablement les valeurs marocaines pour être "intégrés" positivement dans le pays d'accueil car, selon lui, nous n'étions pas "chez nous".

Chaque été il nous ramenait chez nous, au Maroc, pour que le "lien" ne soit jamais coupé et que nous n'oublions jamais d’où nous venons. Chaque année, tel un refrain, il nous répétait : «l'an prochain, c’est décidé, nous rentrerons définitivement au Maroc inch’allah». Malheureusement le destin et sa santé ne lui ont jamais vraiment permis de réaliser ce rêve.

J'ai grandi avec ce mythe du retour au pays d'origine. Et cela fait 10 ans maintenant que j’ai sauté le pas, pour faire vivre à mon père, ne serait-ce que par procuration son rêve, qui était devenu aussi le mien. Le nôtre, devrais-je dire, car je t’ai embarqué avec moi. C'était une première réussite, tu as ajouté aussi à ce mythe un beau succès. J'ai fait de mon mieux pour te transmettre les nobles valeurs que j'ai acquise en France et celles d’ici qui m'ont été transmises par mon papa pendant mon enfance.

Ton grand père est parti d'ici sans rien. Tu partiras demain pour poursuivre tes études avec une tête bien faite et pleine. Sache à ton tour maintenant chercher un meilleur avenir pour toi et la descendance avec tous ces atouts que ton grand père n'a pas eu. Il a fait de nous ce que l'on est aujourd'hui...

Vole maintenant de tes propres ailes avec tous ces atouts et ce que t'ont donné ces deux terres : ta terre natale la France, et le Maroc qui t'a fait grandir.

de gre ou de force
Auteur : paysan81
Date : le 10 juillet 2013 à 09h18
on vas tous realiser prochainement le reve de nos parents lol.
bravo
Auteur : yousef95
Date : le 10 juillet 2013 à 05h34
il nous a inculqué nos culture et traditions marocaines avec les moyens du bord. Il nous a appris à respecter la différence culturelle et à porter honorablement les valeurs marocaines pour être "intégrés" positivement dans le pays d'accueil car, selon lui, nous n'étions pas "chez nous".

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