Le think tank américain Fund for Peace (FFP), en partenariat avec la revue Foreign Policy, a récemment publié son Failed States Index 2013. Il s’agit d’un classement des Etats en fonction de leur degré d’exposition à la faillite. Ainsi, sur 178 pays classés cette année, le Maroc arrive au 93ème rang, gagnant 6 places par rapport l’an dernier (87ème), mais reste dans la catégorie des pays en «danger».
Globalement, la situation s’est améliorée dans plus de cas qu’elle ne s’est détériorée, d’après l’analyse de J. J. Messner, l'un des dirigeants de l’étude et co-auteur du rapport final. Cependant un pays comme la Somalie, souligne-t-il, en tête de classement pour la sixième année consécutive, est «ce qui ressemble le plus à un Etat en déliquescence». La Finlande et la Suède par contre s’arrachent le bas du tableau, se profilant comme étant les pays les plus sûrs; quand les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France restent «stables».
«Manque de stabilité inquiétant» en Tunisie et en Algérie
Une fois de plus, le Maroc devance la Turquie cette année de 7 places. Rabat confirme ainsi sa moindre exposition au risque de faillite par rapport à Ankara. En effet, dans l'histoire du Failed States Index, c'est la quatrième fois que le Maroc passe devant la Turquie après 2012, 2009 et 2005. Cette performance pourrait être attribuable, entre autres, aux multiples investissements engagés par le royaume chérifien ces dernières années, eux-mêmes boostés par les partenariats du royaume avec l'étranger.
Les analystes relèvent cependant le manque de stabilité inquiétant des pays concernés par le printemps arabe. En effet, la Tunisie et l’Algérie classés 83ème et 73ème ont respectivement régressé de 11 et 4 places. Le rapport souligne également la fragilité de l’Etat égyptien qui s’est accentuée depuis l’an dernier, le pays étant en situation d’ «alerte» à la 34ème position. Les analystes font état, au passage, du contraste entre la rapidité avec laquelle des Etats peuvent s’effondrer et le temps et les ressources nécessaires pour les reconstruire.
Comparé donc à ses voisins, le royaume s’en sort plutôt bien. Les analystes relèvent d’ailleurs que les réformes entreprises lors du printemps arabe ont permis au Maroc de se «maintenir» économiquement dans une certaine mesure.
L’indice de vulnérabilité marocain, proche de la moyenne depuis 7 ans
Techniquement , ce classement est réalisé sur la base d’un score de fragilité ou indice de vulnérabilité calculé à partir de douze critères sociaux, économiques et politiques, à savoir, la population concernée par la maladie et les catastrophes naturelles, les mouvements de réfugiés, les tensions entre groupes sociaux, la fuite des cerveaux, inégalités économiques, la pauvreté, le niveau de légitimité de l’Etat, l’état des services publics, la violation des droits de l’homme et de l’Etat de droit, le monopole de la force légitime, la présence de factions, intervention extérieure. Chacun de ces critères est noté de 1 à 10. Le score final, qui reflète le total obtenu sur ces douze indicateurs, se situe en 0 et 120. Le Maroc s’en est ainsi sortie avec un score de fragilité proche de la moyenne, soit 74,3.
D'ailleurs l’observation des scores du Maroc depuis la première édition du Failed States Index en 2005, montre que le royaume est plutôt proche de la moyenne, sa note comprise généralement dans la soixante-dizaine. A noter qu’en 2005, l’indice de vulnérabilité du Maroc était de 78,9, soit une amélioration de plus de 4 points en 7 ans. Mais à voir le score de fragilité d'un pays comme la Finlande (18), on se dit qu'il reste encore du chemin à faire, bien que les deux économies restent incomparables.
L'Indice de déliquescence des Etats est d’une certaine importance sur le plan international, puisqu’il est généralement utilisé comme un baromètre pour les décideurs et opérateurs économiques. Le but pour le Fund for Peace est de lui conférer une dimension prédictive, afin de susciter des réponses politiques appropriées.