Les services secrets espagnols sont de plus en plus inquiets pour ce qu’ils appellent «l’intense infiltration islamiste» à Sebta et Melilia. Pour le Centre national espagnol d’intelligence (Centro Nacional de Inteligencia) et la Guardia civil, les deux présides se sont récemment transformés en véritable «poudrière», rapporte, ce mardi 25 juin, le site d’actualité espagnol Elconfidencialdigital.com. Une déclaration qui fait suite au démantèlement, vendredi dernier, d’une cellule jihadiste à Sebta qui serait proche d’Al Qaida.
Pour la police espagnole, c’est dans les quartiers musulmans des deux villes que se développe le jihadisme. «Les quartiers musulmans de Sebta et Melilia, comme "El Príncipe" et "la Cañada de la Muerte" ont vu leur population musulmane se multiplier durant ces dernières années. Ils (ndlr : Ces quartiers) sont de plus en plus difficiles à contrôler. Aujourd’hui, ils se sont transformés en ghettos où les islamistes peuvent facilement se cacher», a fait savoir une source de la Guardia civil, citée par la même source.
Connexions internationales
La justice espagnole a, par ailleurs, décidé de placer en détention les huit personnes arrêtées, vendredi dernier à Sebta, pour leur présumée «appartenance à une organisation terroriste». Dans un arrêt, relayé lundi par l’AFP, le juge d'instruction Ismael Moreno de l'Audience nationale de Madrid, chargée notamment des affaires de terrorisme, explique que le réseau en question pouvait compter sur plusieurs connexions internationales.
Il s’agit d’«une structure installée en Espagne, avec des connections internationales au Maroc, en Belgique, en Turquie et en Syrie, dédiée à la radicalisation, au recrutement et à l'envoi de moudjahidine en Syrie», explique le juge. Ses membres partaient «dans le but de faire le jihad et de devenir des martyrs», poursuit-il.
«Jusqu'à présent, cette organisation est parvenue à envoyer, au moins, six groupes d'hommes espagnols et marocains depuis l'Espagne vers la Syrie, avec pour objectif de rejoindre les organisations terroristes opérationnelles dans ce pays pour faire le jihad», a-t-il précisé, soulignant qu’au moins cinq d’entre eux sont décédés en Syrie dans des attentats suicides. Leur mort «a entraîné un effet d'appel parmi les intégristes de Ceuta», a estimé le magistrat.
Face à ces découvertes inquiétantes pour la sécurité des deux royaumes voisins, le Maroc et l'Espagne pourraient sans aucun doute intensifier leur coopération sécuritaire, en particulier en matière de lutte anti-terroriste.