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Grand Angle

Dubaï : « Quand le dégoût prend le dessus sur le luxe »

Yamna Joe s’attaque aujourd’hui à un sujet très sensible, celui de la prostitution aux Emirats arabes unis. A travers son récit, la blogueuse se met dans la peau d’une Marocaine proposant ses services à Dubaï et nous plonge au cœur de cette industrie dite «de la chair». Bonne lecture ladies.

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Temps de lecture: 5'

Voilà presque une semaine que je suis rentrée. Mon escapade à Dubaï, qui dans tout autre moment m'aurait complètement enchantée, ne fut pour moi qu'un théâtre ébréché, animé par une mauvaise ivresse. L'ivresse de tous ces arabes, effleurant mes lèvres palies d'un air dissolu, nourrissait mes acrimonies sous une poussée de rancune rouge. Une amertume acerbe, peu à peu cuisante, étreignait délicatement les valves de mon cœur.

Et, dans le frisson qui m'envahissait, je me remémorais les récits du Sheikh S, du temps qu'il n'y avait pas de pétrole et que des fillettes de treize ans transportaient des perles jusqu' à Ras El Khimah, le long des dunes côtières, si bien que, lorsque l'une d'elles s'affaiblissait, ou qu'une tempête de sable s'abattait sur la péninsule arabique, l'économie croulait sous des charges au point que, sans l'aide étrangère, l'émirat se trouvait définitivement terrassé par le chômage.

Enrichis d'un coup de vent

Comment ces bédouins, s'étaient-ils enrichis d'un coup de vent, s'emparant peu à peu du monde? De par leurs bâtiments à l'architecture démesurée humant le pouvoir, leurs somptueux manoirs aux allures de petits châteaux anglais, leur flot de Ferrari où grouillait le mépris, ces nomades d'orient me dégoûtaient de sang, et de colère.  Il en était simplement à dire que celles qui voulaient faire fortune, devaient s'y laisser prendre, dans toutes les fatalités d'une vie perdue. Dubaï, petit émirat, était sans doute le congrès habituel, le recoin éloigné aux fins fonds du désert atlantique, où les prostituées du monde entier venaient s'y enrichir, quand elles n'avaient pas d'autres choix.

Presque tous les soirs, Layali, Ahlam, Irina et moi, patientions discrètement dans un petit bar, non loin de Sharjah, sous le regard averti de quelques proies. Ces jeunes filles flairaient là-bas, quand leurs instincts s'embrouillaient de faiblesse, la cité idéale de leur rêve. Et, dans cette obstination, il y avait là une concurrence barbare, depuis que les filles de l'est chômaient, faute d'amateurs, bien qu'elles eussent baissé leurs tarifs de moitié, vu leurs honoraires, et la rigueur des temps.

L'odeur des pétrodollars

Les «oldies», ces femmes d'un certain âge, au loin, sur les portes, s'effarouchaient d'anxiété de se voir voler leurs clientèles habituelles. Elles s'en fâchaient même, mais ne s'en allaient pas, enjolivées au fond par les infections de Botox, qui les faisaient espérer, la peur au ventre. L'odeur des pétrodollars exaltait les esprits. Jamais l'horizon obstrue n'avait ouvert un au delà plus vaste à ces reluises scintillantes de la pénurie humaine. Une symphonie de grâces émanait de cette foule fortunée, des bédouins gâtés par un éventail de choix, des filles enfin gratifiées, brusquement enrichies, couronnées par une retraite méritée. Une exposition dans un Dubaï sans fin, soûlé de jouissance et de puissance. La nuit y était unique, une nuit de foi à la béatitude pour les nomades ambulants, la certitude d'une chance sans fin pour les filles sans lendemain. 

Il y eu des moments où, malgré mes airs d’hypocrisie, je me trouvais d'une douceur extrême à admettre qu'il fallait bientôt arrêter. Une mélancolie noire se dégageait de mon affliction de rouge tristesse. Délogeant mon orgueil d'un affreux supplice, il me semblait que j'avais presque vécu plusieurs vies, en une seule vie, depuis mon arrivée dans ce pays. Au milieu de ce luxe éblouissant, il y avait là des drogues funestes, des hommes riches et puissants et des filles de joies qui poussaient d'un air anxieux comme des champignons de Paris.

Consternation

Je tombais le plus souvent sur des hommes réservés, quoique difficiles à comprendre, qui se moquaient bien de mes origines marocaines et qui se bourraient de plaisir, dans tous mes recoins, où chaque faux pas me coutait si cher. Dans ce travail de chaire, les trippes crépitées, écorchées, devenaient un péril aux yeux de la loi, menaçant de me confisquer le passeport, et de m'envoyer en prison à vie, à la pointe des coups de fouets, effilés comme des épées. Par un dernier regard aux ténèbres, je retrouvais la même immensité bleue que le matin, lorsque j'avais débarqué de Casablanca par le grand souffle de mes dix huit ans. De là, ce scintillement d'or noir, ce reflet d'or noir, du matin au soir, d'une année à l'autre, au milieu de ces soirées orientales, où l'or venait en bidons négociés, d'où il partait en lingots, pour revenir en billets d'argent et repartir en diamants, éternellement, dans l'unique but de distraire les convives.

Dans une muette consternation, je compris que finalement, mes amies et moi, n'étions qu'une marchandise qu'on allait bientôt échanger pour une autre âme de joie, vivante et plus fraiche.

A quoi bon ?

Il me répugnait de me regarder dans un miroir. C'était injuste et trop dur. Mon insolence de femme se révoltait, à l'idée de n'être une bestiole qu'on achète et qu'on écrase au prix fort. J'éprouvais une étrange sensation de dégoût contre le luxe. Le luxe de mon dressing spacieux. Le luxe de ma voiture cabriolet. Le luxe de mon appartement-vue sur mer. Le luxe de mes vêtements griffés. Le luxe de cette ville artificielle en plein désert. Le luxe d'un argent noir. Le luxe d'un corps dévêtu, au milieu de ces palais majestueux, jusqu'aux aurores passés, sous l'obscurité du déclin, à plat ventre dans des majlis, couvert par un léger voile de lumière. Le luxe énorme de ces maisons vides.

A quoi bon ces pièces richement ornées à l'ambiance impérialiste, jouxtant ces trois ailes monumentales donnant sur des jardins ? A quoi bon ces somptueux salons à l'atmosphère onirique, où mobilier néoclassique cohabite avec l'artisanat marocain sous des faux ciels arabesques ? A quoi bon ces lustres en verre de Murano éclairant légèrement des sculptures grecques antiques ? A quoi bon ces tableaux d'artistes signés, ces moulures marbrés, ces tapis persans et ces mosaïques colorées? A quoi bon ces salles de bains aussi grandes qu'un pâturage, le parquet des cuisines, le cristal des lavabos, les ascenseurs vitrés, les escaliers en marbre, spacieux à desservir un palais indien? A quoi bon toute cette charité grandiose, si l'on ne pouvait, dans ce milieu débauché et corrompu, redresser une créature abandonnée par ses parents, faire de cette petite fille mal aimée, une femme bien respectable, ayant la droite raison du respect d'elle même? 

Le regret imparfait

Toutes les valeurs qu'on ne m'avait jamais inculquée, se hissaient impudemment dans mes consciences, tandis que dessous, sonnait un vide absolu, le réel accablement d'un esprit qui avait beaucoup profité, dépensé des millions en chaussures, déboursé des milliards en voitures, dissipé des grandeurs en friandises. Dans ce vertige éternel, de tout part, c'était le regret imparfait. La faute était finalement à cette maudite vie, tachée de frissonnement. Avec cela, je gardais des lésions dans mon élégance, par la vague impression d'une impureté, déclarée au jour de ma naissance.

Si j'avais eu un père, si j'avais eu une mère, si j'avais eu une famille, si j'avais eu un mari, si j'avais eu des enfants, si j'avais eu une éducation, si j'avais eu un diplôme, j'aurais été une femme différente. Les voix de mes démons d'antan dominaient d'un geste désespéré, mes entités à jamais. Mon reflet dans la neige, au dehors, restait si terni, qu'il obscurcissait mon âme, malgré la lueur du jour. Au milieu de mes supplices, je ne gardais qu'un espoir, celui de retrouver un jour mes parents, afin d'embrasser le pardon d'un grand pas. Je me pardonne, après avoir, en ma vie, pardonné mes parents et les convulsions de mon agonie. A ce besoin de faire ça, j'espère qu'ils pourront me pardonner d'un battement de cœur vantard, et que dieu puisse me pardonner.

Retrouvez toutes les chroniques de Yamna Joe sur son blog.

vrai
Auteur : Hhgg
Date : le 26 juin 2013 à 22h15
en tant que marocaine qui a vecu a dubai pendant 7 ans je peux vous affirmer que ce que j'ai vu c'est pire. la journee c'est les mall, les restaurants, les coiffeurs, et le soir les filles se transforment en prostituee a l afflux de celui qui va donner le plus et malheureusement bcp de marocaines d ailleurs une des raisons pour laquelle j ai quitte dubai c les cliches ah tu es marocaine tu va passer la nuit avec moi je suis degoutee de ces filles
zéro pointé
Auteur : Avicii
Date : le 19 juin 2013 à 19h26
les gens cherchent à avancer et toi tu t'inventes des scénarios dramatiques LOL
lâche les marocaines FEMEN
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