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Tribune

Séville des Almoravides : La gestion moderne de la ville par Ibn‘Abdun

Si vous intéressez à la gestion de votre ville ou de votre commune,  ne ratez pas l’occasion de  lire le livre de l’historien spécialiste de l’Espagne musulmane, Évariste Lévi-Provençal,  publié en 1947  sous le titre "SEVILLE MUSULMANE AU DEBUT DU XIIe SIECLE – Le traité d’Ibn‘Abdun sur la vie urbaine et les corps de métiers”

Publié
/DR AILS
Temps de lecture: 2'

"SEVILLE MUSULMANE AU DEBUT DU XIIe SIECLE – Le traité d’Ibn‘Abdun sur la vie urbaine et les corps de métiers” est en fait de la traduction, commentée et annotée, d’un traité sur la fonction de “mou7tassib” de la ville de Séville, c’est à dire du magistrat chargé de la “police des marchés et des métiers”.

Écrit aux alentours des années 1100, sous la domination des Almoravides – Al Mourabitine -, cet opuscule nous éclaire sur l’organisation de la vie urbaine de son temps. On y trouve tout ce qui pouvait constituer les préoccupations d’un magistrat chargé du bon fonctionnement de la cité andalouse, avec les tendances spécifiques au moment historique et caractérisées par la morale rigoriste des gouvernants de l’époque. Cet aspect de l’ouvrage présente à cet égard un intérêt historique académique certain.

 Mais on peut y déceler aussi – et c’est en cela que la lecture de Ibn Abdun est édifiante – des prescriptions qui participent d’une extrême modernité. Nos édiles et élus locaux actuels devraient s’en inspirer, car certaines prescriptions en vigueur au début du XIème sont encore d’une brûlante actualité.

 J’en relève quelques unes en vous laissant le plaisir d’en découvrir d’autres à la lecture du livre :

- A propos des “farachas” qui encombrent l’espace public :

“Il y a lieu d’interdire aux détaillants de se réserver des emplacements sur le parvis de la mosquée-cathédrale ou en tout autre endroit”.

- A propos du commerce de détail et de son contrôle :

“Les poids d’un “ritl” seront obligatoirement en fer, avec un poinçon de garantie apparent”.

- A propos du contrôle de la qualité des marchandises commercialisées:

“Les marchands d’œufs doivent avoir devant eux des vases plein d’eau, pour qu’on puisse reconnaitre les œufs gâtés”.

- A propos du respect de la santé publique :

“Les poêles des marchands de beignets et des frituriers doivent exclusivement être étamées : l’huile, en effet, s’empoisonne au contact du cuivre”.

- A propos de la sécurité sur les chantiers :

“Les échelles doivent être fabriquées en bois épais et massif, munies de forts montants et bien clouées, sans quoi elles pourraient occasionner des accidents”.

- A propos de l’exercice de certains métiers :

“On ne doit laisser personne prétendre à la maîtrise d’un art qu’il ne possède pas bien, surtout s’agissant de l’exercice de la médecine”.

 - A propos de la protection de l’environnement :

“Les corroyeurs (tanneurs) et les teinturiers en soie ne doivent exercer leur métier qu’en dehors de la ville”.

 - A propos du contrôle de la gestion des édiles et de la lutte contre la corruption :

“Il faut surveiller la gestion du préfet de la ville, afin d’éviter qu’il ne se laisse corrompre, ce qui se traduirait par de l’incurie et une recrudescence des crimes et de l’insécurité”.

 Vous trouverez bien, parmi les deux cent trente prescriptions consignées dans le détail par Ibn ‘Abdun, quelques unes que vous seriez satisfaits de voir appliquées actuellement dans votre cité. En effet, les préoccupations des dirigeants locaux n’ont pas beaucoup changé depuis plus de dix siècles ; les solutions sont simples pourtant, les idées existent depuis très, très, très longtemps! Il suffit juste de veiller à leur bonne application.

Visiter le site de l'auteur: http://www.citoyenhmida.org/

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