Aucun ministre français de l’Intérieur ne l’avait fait auparavant. Mercredi, Manuel Valls a annoncé dans un communiqué qu’environ 36 000 étrangers sans-papiers ont été régularisés en 2012. Bien que le chiffre fourni ne soit pas très précis, il s’agit d’une première en France. Jusqu’ici, les régularisations n’avaient jamais fait l’objet de bilan officiel. Ils étaient estimés à 30 000 par an. «Pour la première fois, on a un compteur, car les étrangers acquittent depuis le 1er janvier 2012 un visa de régularisation», a expliqué l'entourage du ministre de l'Intérieur à l’AFP.
Valls n’y est pour rien
«Les régularisations de 2012 ne sont pas la conséquence de l'action de Manuel Valls, car les mesures prises par le ministre en la matière sont intervenues trop tard dans l'année», a précisé, toutefois, la même source. En novembre 2012, le locataire de la Place Beauvau avait, en effet, publié une circulaire visant à clarifier les critères de régularisation des sans-papiers en France. Le texte assouplit notamment les critères concernant les parents d’enfants scolarisés, mais exige une résidence d’au moins cinq ans en France pour l’obtention d’un titre de séjour.
Cette circulaire n’a pas «n'a pas vocation à augmenter le nombre de régularisations», conformément aux engagements de Hollande pendant la campagne présidentielle, assurait alors Valls lors de sa publication. Aujourd’hui, malgré les critiques, Manuel Valls n’a rien à voir avec une éventuelle augmentation du nombre de régularisations. Les conséquences de sa circulaire n’ont, en effet, pas encore été quantifiées.
L’immigration professionnelle à l’Assemblée
La publication de ces chiffres intervient à quelques heures de la tenue d’un grand débat concernant cette fois l’immigration professionnelle, à l’Assemblée nationale. Le débat, prévu ce jeudi à partir de 15h00, se fera sans vote. Aucun texte ne sera soumis aux parlementaires français, précise le journal Le Monde, soulignant qu’il s’agira plus d’une réflexion autour de «l’attractivité de la France» pour apporter des réformes à l’immigration dite économique, en baisse en 2012.
Des dirigeants économiques français, installés au Royaume-Uni, ont d’ailleurs plaidé, dans un communiqué relayé par l’AFP, pour une politique migratoire axée sur les besoins des entreprises. «L'immigration contribue à la prospérité économique d'un pays», estiment-ils. Pour ce groupe de chefs d’entreprises, il faudrait «mettre le travail au centre de la politique d'immigration et d'intégration française», en favorisant notamment l'arrivée d'étrangers qualifiés.
Dans leur plaidoirie, ces dirigeants ont également formulé neuf propositions sur le sujet visant, selon eux, à «nourrir le débat parlementaire». On saura dans les prochaines heures si celles-ci ont su attirer l'attention des parlementaires, ou pas.