Après s’être vus dépossédés du fonds d’aide de 50 millions d’euros avancé par le Qatar, il y a un an, les élus de l’Association Nationale des Elus Locaux pour la Diversité (ANELD) sont pointés du doigt par les journalistes Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget dans leur ouvrage «Le vilain petit Qatar, cet ami qui nous veut du mal», paru en mai, aux éditions Fayard. «Ils font preuve d’une véritable malhonnêteté intellectuelle. Ils déforment la réalité des faits au sujet d’un évènement auquel j’ai personnellement assisté», accuse Mohamed Hakkou, Conseiller municipal à Gonesse et membre de l’ANELD, dans un communiqué qui nous est parvenu hier, mercredi 11 juin.
En référence à une visite de l’ANELD au Qatar, en novembre 2011, «A la page 210, c’est avec consternation que j’ai pu lire ces phrases : «Avant de se retirer, tout en leur promettant des invitations pour la Coupe du monde, le bon roi évoque la création d’écoles coraniques, les meilleures institutions pour apprendre correctement l’arabe littéraire et l’histoire du monde. Tous approuvent le projet.» Il s’agit là d’une pure invention. […] Le but de notre démarche d’élus locaux était de défendre les intérêts économiques de nos territoires et de stimuler l’investissement dans les banlieues», dénonce Mohamed Hakkou. Selon les auteurs de l’essai, les élus auraient également essayé de «se placer auprès de l’émir», ce que dément Mohamed Hakkou.
Qatar et islamophobie
L’ouvrage de Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget fait polémique car il traite sans nuance de l’influence géostratégique du Qatar. Surtout, il accuse l'émirat de faire la promotion d’un l’islam wahhabite rétrograde à travers ses investissements, comme l’indique l’intitulé du chapitre 10 qui évoque l’ANELD : «OPA sur l’islam de France». «Non, cet État qui a soufflé sur les braises du printemps arabe n’a jamais sponsorisé un islam tolérant, pas plus dans nos banlieues qu’au Nord-Mali ! Derrière la vitrine occidentale, c’est un ogre wahhabite qui tient la caisse», résument les éditions Fayard sur leur site.
«On peut critiquer le Qatar sans être qualifié d’islamophobe, mais à condition de ne pas prendre trop de liberté avec la réalité et les faits», répond Pascal Boniface, dans une tribune du Nouvel Observateur. Il accuse justement les deux auteurs d’avoir simplifié les faits pour les déformer et d’avoir accumulé les erreurs au bénéfice de la théorie du complot.
Les deux journalistes se défendent pourtant d’avoir voulu stigmatiser une nouvelle fois l’islam. «On s’est demandé est ce que l’on ne va pas faire la part belle aux gens qui sont islamophobes et qui vont emboîter le pas derrière nous et qui vont dire : ´regardez eux aussi le disent´. Là on s’est rendu compte qu’il y avait un pays qui entretenait une politique perverse», expliquait Jacques-Marie Bourget, le 11 mai sur RFI.»