La mosquée Mohammed VI de Saint-Etienne, propriété du Maroc, ne participera pas aux élections anticipées du Conseil français du culte musulman (CFCM), dont le premier tour est prévu samedi 8 juin, afin de renouveler ses instances. La nouvelle du boycott vient de nous parvenir, ce mercredi 5 juin, par le biais d’un communiqué signé par le recteur de la mosquée Larbi Marchiche. Ce dernier accuse principalement la réforme des statuts, votée le 23 février dernier, qu’il qualifie de «véritable mascarade».
La réforme en question visait pourtant «une meilleure représentativité des différentes composantes de l’islam» au sein du CFCM. Aujourd’hui, cela est loin d’être le cas. Plusieurs mosquées accusent cette institution, établie en 2003 par Nicolas Sarkozy, de manquer d’indépendance.
Simulacre et caricature
«Nous refusons de nous soumettre au simulacre et à la caricature que représente aujourd'hui le CFCM à travers les différentes fédérations, qui n'ont eu aucune indécence démocratique, en élaborant des nouvelles dispositions statuaires et électorales dont l'objectif n'est que celui de garantir une hégémonie permanente au sein du Conseil du CFCM», déplore d’abord Larbi Marchiche.
«La gestion chaotique du CFCM initiée par des fédérations partisanes et en particulier le RMF (ndlr : Rassemblement des musulmans de France, proche du Maroc) et leur tentative de mettre la main sur ces instances représentatives, en s'accaparant tous les pouvoirs par des manœuvres malsaines, portent une atteinte grave aux principes démocratiques qui régissent notre pays», poursuit le recteur de la Grande mosquée de Saint-Etienne. Le responsable appelle également les dirigeants des autres mosquées de France au boycott. «La Grande Mosquée Mohamed VI réfute et condamne fermement ces pratiques et appelle les responsables des mosquées de France et les dirigeants de lieux de culte à ne pas cautionner cette mise en scène pour libérer nos institutions d'une gestion partisane», conclut-il.
Etrange
La décision de la mosquée stéphanoise de boycotter les élections du CFCM, dirigée aujourd’hui par le Marocain Mohammed Moussaoui issu du RMF, peut paraitre, toutefois, étrange. Si la mosquée de Lyon a décidé de se retirer du scrutin, estimant qu’il y a «volonté de mettre l’Islam de France sous la tutelle des pays étrangers et de l’internationale fondamentaliste», le cas de la mosquée Mohammed VI est différent. Contrairement à celle de Lyon, dirigée par l’Algérien Kamel Kabtane, la mosquée de St-Etienne est entièrement sous tutelle du Maroc, et ce depuis plusieurs mois déjà.
Construit en grande partie par les financements du royaume, le lieu de culte, inauguré le 19 juin dernier, est passé en septembre 2012 sous la gestion du ministère marocain des Affaires islamiques. Une décision qui avait déjà à l’époque fait couler beaucoup d’encre à St-Etienne.