Poursuivis depuis le début du mois pour «homosexualité» et «atteinte à la morale publique», deux jeunes marocains, âgés de 20 et 28 ans, viennent d’écoper de quatre mois de prison ferme chacun. Le verdict a été prononcé dans la soirée d’hier, lundi 20 mai, par le tribunal de Témara, à proximité de Rabat, a fait savoir l’AFP. Après la fin de l’audience, les deux hommes ont été placés en détention à Salé. Pourtant, quelques heures auparavant, ils ont assuré n’avoir rien fait d’illégal, contestant ainsi les faits qui leur sont reprochés dans le PV de la police.
«Nous étions dans la voiture en train de discuter, sans plus. On n'a rien fait d'illégal», a assuré l’un d'eux, cité par l’AFP, au président du tribunal. Selon leur avocat, les faits détaillés par la police, dans le PV en question, seraient erronés. «Nous avons déclaré au juge que le PV établi par la police, et signé par les deux accusés, comporte des faits inexacts», a-t-il fait savoir.
Pas de flagrant délit ou pas d’homosexualité ?
L’avocat, qui a souhaité garder l’anonymat, affirme également que ses deux clients, arrêtés le 6 mai dernier pendant qu’ils étaient dans une voiture, ne faisaient alors rien de suspect. «Il n'y a pas de flagrant délit et il n'y a pas eu d'atteinte à la pudeur publique», a-t-il souligné. «Donc l'accusation ne repose sur rien. Ils étaient tout simplement installés dans la voiture», a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions.
On ne sait, toutefois, si les deux hommes ont reconnu ou pas leur présumée homosexualité. La défense ne compte, en tout cas, pas en rester là. «Je vais discuter demain (ndlr : ce mardi) avec leur famille pour qu'on fasse appel de ce verdict», a annoncé l’avocat, cité par la même source.
L’article 489
Cette affaire intervient une semaine seulement après la condamnation de deux autres hommes, à Souk El Arbaa, dans le nord du Maroc, à trois ans de prison et 1000 dirhams d’amende. Ils ont été reconnus coupables d’avoir entretenu, pendant 10 ans, une relation homosexuelle alors que chacun d’eux était marié de son côté. Une condamnation qui vient en application de l’article 489 du Code pénal marocain dont voici le texte : «Est puni d’emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 200 à 1 000 dirhams, à moins que le fait ne constitue une infraction plus grave, quiconque commet un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe».