Maroc : Deux Français devenus sans papiers à cause d’un haut fonctionnaire de police ?

Pascal Gaillères et Sacha Doligé, deux ressortissants français, ne peuvent pas aujourd’hui rentrer chez eux. Installés au Maroc depuis près de 7 ans, les deux quadragénaires, l’un originaire de Nogaro, commune du sud-ouest de la France, l’autre d’Orléans, dans le centre, sont actuellement privés de leurs papiers d’identité, dépourvus de leurs biens et obligés de se cacher des autorités marocaines pour pouvoir préparer leur défense, déplore leur comité de soutien qui vient de lancer une pétition en ligne intitulée «Du paradis des 'milles et une nuits’ à l’enfer de la corruption».

Leur aventure au Maroc débute en 2006. Après avoir vendu le restaurant qu’ils possédaient en France, les deux associés débarquent au royaume avec le projet d’ouvrir une maison d’hôte, dans la région de Taroudant, explique le quotidien Sud Ouest. Une fois les travaux accomplis, les deux hommes ouvrent comme prévu leur riad au Maroc, les clients n'ont pas tardé à suivre. Trois ans après, en 2009, l’un de leurs clients les sollicitent pour l’aider à trouver une propriété sur place et à la rénover.  «Quelques mois plus tard, un second couple nous demandant la même chose, nous avons décidé de créer une structure indépendante pour cela», explique Sacha Doligé, cité par la même source.

Tout allait pour le mieux

«Nous avons ainsi aidé plusieurs clients à trouver un bien immobilier, que nous rénovions avec nos employés. Très vite, notre entreprise a employé plus d’une soixantaine d’ouvriers», raconte-t-il. À coté de leur activité en entreprise, les deux hommes s’activaient en parallèle dans le milieu associatif de la région. Ils créent plusieurs écoles sur place «et même une salle de sport associative». «Cela faisait partie de notre façon de travailler, explique Pascal Gaillères. Pour chaque rénovation ou construction, nous construisions une école ou financions l’équipement des élèves», confie Sacha Doligé. Tout allait donc bien pour les deux Français,  jusqu’au jour où ils ont été contactés par un «haut fonctionnaire» de Taroudant. Celui-ci, séduit par leur notoriété, leur commande à son tour des travaux pour la restauration …du riad de son fils.

Tentative d’intimidation

Selon le récit des deux entrepreneurs, au moment de passer à la caisse, le policier en question aurait retourné sa veste. Selon le même journal, l’homme de loi n’a accepté de leur payer que la moitié de la facture, tout en exigeant 150 000 euros de travaux supplémentaires s’ils voulaient continuer à travailler au Maroc. Les deux hommes refusent. A partir de là, des chantiers commencent à leur échapper. Des autorisations de travaux leur sont, au fil des semaines, refusées. Des menaces de morts leur parviennent ensuite, les obligeant à quitter Taroudant et à abandonner leurs investissements.

Ce n’est que six mois plus tard, que le ministère de l’Intérieur, «tardivement informé» selon la même source, réagit. Il ouvre alors une enquête, qui permettra d’innocenter, dans un premier temps, les deux Français. Une plainte «farfelue» pour vente de terrain non-constructible est déposée contre eux par la suite. En pénal, ils sont condamnés à 5 ans de prison et plus de 300 000 euros d’amende. Pascal et Sacha décident alors de faire appel. Après 11 reports d’audiences, ils ont finalement été condamnés, en avril dernier, à deux mois et demi de prison et 1 000 euros d’amende.

Aujourd’hui, «ils sont SDF, logés par des amis mais sans papiers depuis que leurs passeports leur ont été confisqués il y a 15 mois au mépris des lois marocaines», regrette Jocelyne Claverie, la tante de Pascal, interrogée par La Dépêche, qui fait également partie de leur comité de soutien. Les deux hommes aujourd’hui espèrent une intervention urgente du ministère des Affaires étrangères français pour les faire revenir en France. En attendant, ils n’ont d’autres choix que de se cacher.