Menu

Interview

Plainte de Majidi contre Benchemsi en France : « Je ne suis pas surpris », Benchemsi [Interview]

Presqu’un an après la publication de sa tribune «La grande corruption règne en maître au Maroc » sur le Monde, Ahmed Benchemsi est convoqué le 8 juillet, devant un juge d’instruction à Paris, suite à la plainte pour diffamation de Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi Mohamed VI. Dans son article Ahmed Benchemsi accuse Mounir Majidi d’avoir employé l’argent public, via la RAM, pour racheter une filiale d'une société américaine, selon sa propre volonté et avec l’assentiment du gouvernement de l’époque.

Publié
DR
Temps de lecture: 2'

Yabiladi : Avez-vous été surpris par la plainte pour diffamation déposée contre vous par Mounir Majidi ?

Ahmed Réda Benchemsi : C’est la première fois que M. Majidi porte plainte contre moi, mais je ne suis pas surpris. Il avait déjà menacé de me poursuivre avant, aux Etats Unis, pour le même article. Il avait menacé de le faire en octobre 2012. J'avais reçu un courrier de ses avocats new yorkais me menaçant de poursuites aux Etats Unis (où je vis, et où mon blog est domicilié) si je ne retirais pas cet article (et un autre, où il est cité) de mon blog. J'avais répondu que je n'allais rien retirer du tout, que je maintenais chaque mot que j'avais écrit, et que s'ils voulaient aller devant la justice américaine, j'étais capable de me défendre. Ils ne m'ont jamais répondu.

Par la suite, comment et quand avez-vous appris qu’il vous poursuivait pour diffamation?

J'avais eu des échanges avec la Police Judiciaire française (par mail) pour une commission rogatoire, en décembre 2012. A l'époque, une plainte avait été déposée mais il n'était pas encore question de procès. L'officier de la PJ voulait juste vérifier, à la demande d'un juge d'instruction, si j'avais bien écrit cet article du Monde et si je confirmais mes propos. J'avais répondu "oui" aux deux questions. La plainte a été finalement déposée devant la justice française, en décembre. Aujourd’hui, je suis convoqué par le juge, le 8 juillet, l’audience a été reportée [elle était initialement annoncée pour le 14 mai, ndlr].

La plainte de Mounir Majidi porte sur l’un de vos articles qu’il juge diffamatoire. Lors de votre enquête, avez-vous cherché voire réussi à avoir sa version des faits ?

Essayé, oui. J'ai laissé un message au secrétariat particulier du roi, où il officie, mais il ne m'a pas rappelé. J'ai réussi à avoir son bras droit à FC holding, Saad Hassani (également administrateur de Baysys Morocco), au téléphone. Dès que je lui ai dit l'objet de mon appel, il m'a dit qu'il était au milieu d'une réunion, et m'a demandé de rappeler plus tard. Je l'ai fait, à plusieurs reprises, mais il ne décrochait plus son téléphone.

Craignez vous que Mounir Majidi puisse obtenir gain de cause devant la justice ?

Je suis très confiant en l'issue de ce procès. Je peux prouver chacun des mots que j'ai écrit dans cet article. Et même aller au delà. Je ne comprends pas sa stratégie, si stratégie il y a. M. Majidi m'attaque alors qu'il sait parfaitement que j'ai raison. Le seul résultat qu'il va obtenir, c'est un grand déballage juridico-médiatique de ses affaires et pratiques de business, et du Makhzen économique en général. Moi j'y suis prêt, mais lui est juste en train de se tirer une balle dans le pied.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com