Du nouveau concernant l’affaire du marchant ambulant, mort lundi à Marrakech, après avoir s’être immolé par le feu en guise de protestation contre les autorités locales. Dans une vidéo publiée hier, mardi 14 mai, sur youtube, la sœur de la victime accuse les autorités locales, à leur tête le caïd du quartier Essâada, de sa mort. Mbarek «se rendait tous les jours au quartier Essâada pour vendre sa marchandise, des meubles anciens, des placards, des tapis, comme tous les autres (ndlr : vendeurs du quartier)», raconte la sœur. Mais, selon elle, le caïd local et son khalifa (adjoint) avaient une dent contre lui.
Des pots de vins
«Ils venaient l’embêter tout le temps. Le caïd et le khalifa lui disaient qu’il fallait payer pour garder sa place, à l’instar des autres vendeurs. Mais lui ne voulait pas les corrompre. Ils lui confisquaient alors sa marchandise. Mbarek les suppliaient à chaque fois pour qu’ils lui la laisse, jusqu’au jour où il s’est aspergé d’essence», explique-t-elle.
Selon la jeune femme, les autorités locales ont également tout fait pour enterrer l’affaire. «Quand je suis partie le voir à l’hôpital, ils m’ont dit qu’il était encore vivant, qu’il n’était pas mort, mais ce n’est pas vrai. Même les médecins m’ont menti. Mon frère était déjà mort bien avant son arrivée à l’hôpital», assure-t-elle. Et d’ajouter : «Entre temps, ils (le caïd et le khalifa) sont partis voir les autres vendeurs de la place, et les ont menacé pour qu’ils ne disent pas ce qui c’était réellement passé. Ils ont voulu le faire passer pour un malade mental qui a voulu se suicider». Les autorités locales auraient même, selon la sœur, tenté de faire sortir le corps en catimini de l’hôpital pour l’enterrer.
Sentiment d’injustice
Mbarek El Karrassi, âgé de 32 ans, est décédé, selon la version officielle, dans la nuit de lundi à mardi, à l’hôpital de Marrakech où il avait été transféré samedi. Ce jour-là, le jeune marchand s’était aspergé d’essence avant de mettre le feu, pour protester contre la saisie de sa marchandise. «Les autorités locales ont confisqué sa charrette chargée de vieux meubles qu'il vendait pour gagner sa vie. C'est le sentiment d'injustice qui l'a poussé à tenter de s'immoler», a fait savoir Mohammed Ghelloussi, de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à Marrakech.
«Les brûlures ont atteint son visage, son ventre et ses mains. Il a été transporté à l'hôpital samedi matin mais il est décédé dans la nuit», assure le responsable. Mais selon un représentant de l’autorité locale, cité par la MAP, «c'était un jeune avec des problèmes de famille. Il était ivre et accompagné de certains sans-abri ivres quand il s'est immolé»...une version qui manque clairement de crédibilité.
La famille raconte sa version des faits