Au total, 69 entrepreneurs irakiens ont débarqué à Rabat cette semaine. Parmi eux, plusieurs présidents de grandes sociétés implantées à la fois en Irak, Turquie, Jordanie et Grande Bretagne. Ils ont rencontré mardi à Rabat leurs confrères marocains, à l'initiative de l’Association maroco-irakienne pour le développement économique (AMIDE), en présence du ministre du Tourisme Lahcen Haddad et du ministre de l’Equipement et du Transport, Aziz Rabbah. «Cette rencontre [avait] pour objectif d'inciter les businessmen irakiens à investir au Maroc», indique à la MAP, l’homme d’affaire marocain Rahhal Boulgoute, président de l’AMIDE.
Il a également annoncé la création récente d’un holding maroco-irakien dont le premier projet consacré à la construction d'un complexe hôtelier à Rabat est d’une valeur de 10 millions de dollars. «Nous voulons développer ce volume [d'investissements]. Vu le potentiel des deux pays, nous pouvons facilement arriver à 500 millions dans une dizaine d’années», précise Muhammad Hassan Al Haditi, secrétaire général de l’association. Mais avant, il faudra régler quelques failles qui s’érigent en freins à l’engouement de ces entrepreneurs. Tout d’abord la question du visa.
Selon les déclarations à la presse d’un membre de la délégation venue de Bagdad, c’est «un des problèmes majeurs qui bloquent l’arrivée des fonds irakiens au Maroc». «Comme plusieurs autres pays, le Maroc a pris des dispositions sécuritaires avec ce qui s’est passé en Irak. Cela a rendu la procédure d’obtention du visa marocain trop longue, un mois à mois-et-demi, voire plus dans certains cas», explique à Yabiladi M. Hassan Al Haditi. Outre cela, les hommes d’affaires irakiens déplorent le manque de communication de la part de Rabat. «Il n’y a pas de présence marocaine», regrette M. Al Haditi. Pour lui, le fait que le royaume ne vende pas suffisamment en Irak les opportunités d’affaires au Maroc est un obstacle au développement des affaires entre les deux pays.
Alternative à la crise européenne ?
D’après le secrétaire général de l’AMIDE, les autorités marocaines seraient prêteq à répondre aux doléances des entrepreneurs irakiens. «Il y a une volonté qui émane à la fois du gouvernement et du roi Mohammed VI pour faciliter l’obtention du visa pour les entrepreneurs irakiens souhaitant investir au Maroc», affirme-t-il. Pour ce qui est du problème de communication, le Maroc a opté pour une démarche «très ciblée qui vise les décideurs», a indiqué Lahcen Haddad sans donner de plus amples détails. Peut-être est-ce en raison de l'instabilité politique qu'a connue le pays pendants de nombreuses années.
C’est la deuxième fois que les hommes d'affaires irakiens arrivent en grande pompe au Maroc, signifiant leur volonté d’investir davantage au royaume. En décembre dernier, ils avaient mis le cap sur Casablanca. C’est d’ailleurs à ce moment que l’AMIDE a vu le jour. A l’époque, M. Al Haditi confiait à la presse que «le Maroc est l’un des marchés prometteurs en ces temps de crise». Et aujourd’hui de dire : «Avec tout ce qui se passe en Europe, on cherche une alternative et elle ne peut venir que des pays du Moyen orient».