«On n’est pas là pour vous financer le papier aluminium, mais pour éviter que vous vous passiez la tuberculose», prévient d’emblée Houssine Boutleb. L'homme travaille, en effet, pour l’association de soutien au Centre médico-psychologique (CMP) Hasnouna, créé en 2006 par le ministère de la Santé marocain dans le but de venir en aide aux personnes accros à l’héroïne et lutter contre les problèmes socio-sanitaires liés à son usage. L’association en question est basée à Tanger, ville du nord du Maroc, devenue une véritable «plaque tournante» du trafic des drogues dures, en particulier de l’héroïne.
Cette drogue, dérivée de l’opium, parue pour la première fois en Grande-Bretagne, puis en Allemagne, avant de s’étendre à d’autres pays, entraine une forte dépendance physique chez ses usagers. Au Maroc, le nombre de toxicomanes qui s’y adonnent est inconnu. Mais selon les associations qui œuvrent dans le secteur, seule Tanger en abriterait près de 7000. «Le Maroc maintenant, c’est un marché. Il y a les usagers et puis les gens qui vendent l’héroïne. C’est un grand business», explique Houssine Boutleb, interrogé par la chaine d’information France 24. C’est «des victimes», déplore-t-il.
La méthadone comme substitution
Pourtant, le Maroc, selon la même source, est le premier pays arabe à proposer à ses héroïnomanes la méthadone, comme traitement de substitution. Il s’agit d’un opioïde analgésique, autrement dit un médicament analgésique, consommé sous forme de solution buvable, dont les effets ressemblent à ceux de l’héroïne. A Tanger, le seul centre qui le fournit, gratuitement, est débordé.
«Chaque jour on reçoit une quarantaine de patients qui demandent la méthadone. On doit leur expliquer chaque jour que : vous êtes inscrits mais vous devez attendre», regrette Amina Khallouki, infirmière-chef au Centre médico-psychologique de Tanger. Depuis le lancement du programme-pilote en 2010, près de 300 personnes sont, en effet, traités dans ce centre. Hamida en fait partie. «C’est ma conscience qui m’a obligé à venir ici. J’en avais marre de la vie. 20 ans de dépendance, je n’en pouvais plus. Je voulais redevenir celle que j’étais. Grâce à dieu, maintenant ça va mieux», confie-t-elle. Selon RFI, au niveau des pays musulmans, l’Afghanistan et l’Iran, en plus du Maroc, sont actuellement les seuls pays à proposer cette méthode de traitement.