C’est aujourd’hui, environ vers 16 heures GMT, que devront commencer, au conseil de sécurité, les consultations sur le Sahara. Si la prorogation du mandat de la Minurso ne souffre la moindre équivoque, son élargissement au contrôle des droits de l’Homme est au cœur d’intenses tractations entre les pays concernés par ce dossier. Le projet de résolution américain allant dans ce sens divise les pays membres du Club des Amis du Sahara occidental qui regroupe : les Etats-Unis, Angleterre, France, Russie et l’Espagne.
La France tente de ménager la chèvre et le chou
Les autorités françaises, refusent pour le moment, de se prononcer ouvertement sur l’initiative de Washington. Paris est prise entre deux feux : d’une part elle souhaite préserver sa place de leader au Maroc, profitant de nombreux contrats concédés à des sociétés françaises et d’autre part elle se refuse de brandir le veto devant le projet américain. Ses ambitions de prendre une part dans le gâteau algérien qu’est le plan d’investissement (2010-2014) doté de 286 milliards de dollars lui impose la plus grande prudence.
Cette hésitation, les déclarations de Philippe Lalliot, porte-parole du département des Affaires étrangères, l'expriment parfaitement : «la France n'en est pas aujourd'hui à dire si on va voter pour ou contre. La France en est à examiner le projet».
Madrid : le projet américain «n’est pas viable»
Samedi à Madrid, Mme Kerry Kennedy, en lobbyiste du Polisario, a tenté de convaincre le chef de la diplomatie espagnole de rallier le projet américain d’élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme. Une entreprise qui s’est soldée par un échec. José Margallo a expliqué à la présidente du Centre Robert Kennedy que l’initiative américaine «n’est pas viable».
Depuis la Jordanie où il se trouvait dans le cadre d’un périple dans la région du Moyen-Orient, il a révélé aux journalistes qui l’interrogeaient sur le même sujet, que la France et la Russie, deux membres du groupe des amis du Sahara Occidental s’opposent au projet de l’administration Obama. «Ce qui va rendre son adoption difficile, sachant que le consensus est la règle au sein de ce groupe», ajoute-il. Du coup «nous sommes en attente d’un nouveau projet de résolution des Etats-Unis qui pourrait réunir le consensus de tous les membres» du groupe, annonce Margallo. L’Espagne est donc sur la même longueur d’onde que la Russie ou la France, bien qu’elle ne siège pas au Conseil de sécurité, mais en tant qu’ancienne puissance coloniale du Sahara, sa voix compte sur le dossier.