Avec la Société Nationale de Radio et de Télévision, les Marocains devraient être gâtés! Le spectre de choix semble absolument parfait, avec AL AOULA, LAYOUNE TV, ARRYADIYA dont le site est en maintenance actuellement, ARRABIA, AL MAGHRIBIA, ASSADISSA, AFLAM TV et TAMAZIGHT.

Pour la diffusion de ces chaines, les techniques les plus diverses sont utilisées,  des ondes hertziennes à l’ADSL en passant par  le satellite et la TNT. A cette liste de chaînes, que l’on peut qualifier d’ “institutionnelles”, il faut ajouter d’une part  la  chaine 2M  - privée et cryptée lors de son lancement  mais nationalisée après quelques années et d’autre part la nouvelle chaine MEDI1 TV au statut assez hybride.

Avec ce faisceau de chaînes aux spécialités les plus diverses, on pourrait dire qu’il ne manque plus qu’une chaîne réservée à la cuisine et dirigée par Choumicha, la star du petit écran marocain, pour que “tekmal am bahya!

Et pourtant…..Et pourtant…

Et pourtant, la réalité devant les écrans est loin de ce tableau idyllique, malgré les statistiques officielles et les chiffres fournis par le Centre  interprofessionnel d’audimétrie médiatique (Ciaumed).

D’après les derniers sondages réalisés par ce centre, dont ici une synthèse parue dans le quotidien gratuit AUFAIT dans sa version en ligne du 28 Janvier 2013, on retiendra que : “2M et Al Oula restent indétrônables et occupent, respectivement,  la tête du classement”.

Ce qui en termes d’étude d’opinion et d’analyse des résultats parait voler au ras des pâquerettes!

Sans être expert en mesure de l’audience ni en décryptage des programmes de télévision, le citoyen lambda que je suis est bien obligé de remarquer que :

• une somme énorme de critiques de tous ordres sont adressées aux chaines nationales, tant par les individus que par les médias.
• un petit tour dans les cafés permet de relever que la majorité écrasante d’entre eux sont branchés sur des chaînes satellitaires, notamment sportives avec une préférence marquée pour AL JAZERA.
• les journaux télévisés aussi bien ceux de el OULA que ceux de 2M ne rencontrent aucun crédit, tant leur contenu et leur forme sont dénués d’intérêt. Même les sujets de proximité chers à 2M ne trouvent pas d’écho, malgré des tentatives de relais des préoccupations et même des colères des citoyens.
• les téléspectateurs férus de feuilletons et de séries préfèrent de loin regarder les chaînes satellitaires qui leur assurent une programmation plus diversifiée et plus récente.
• les productions étrangères ont la part belle au détriment des œuvres nationales, et cela à qualité, souvent médiocre, mais égale.
• les les émissions de débat sont insipides et sans profondeur.
• pendant de longues heures, les chaines publiques ne diffusent que la fameuse plaque qui a disparu des autres chaines à travers le monde depuis des lustres.
• la retransmission des compétions sportives sont mal réalisées et surtout très mal commentées.
• les horaires de programmation sont parfois aberrants.
• les programmations sont essentiellement centrées sur le mois de Ramadan, avec une accumulation ridicule de la publicité à l’heure du ftour.

Est-ce à dire que les télévisions nationales sont totalement nulles et sans intérêt ?

Loin de moi la volonté de jeter l’anathème global et général sur elles !  Mais compte tenu du nombre de chaînes en service, des budgets mis en jeu, de la redevance prélevée, des recettes publicitaires engrangées, les citoyen(ne)s seraient en droit d’attendre de leurs télévisions un plus de qualité dans le service public.

Et pour cela, il faudrait que le Maroc ait une politique télévisuelle, avec une vision à court, moyen et long termes. Il faudrait que les  directions des chaines existantes aient une stratégie définie, des objectifs clairs et qu’elles définissent les moyens humains, techniques et financiers mis en œuvre pour y parvenir.

Bref, le fait de disposer d’une dizaine de chaines de télévision n’implique pas ipso facto que le pays  a une télévision ! Avec les moyens techniques actuels, la télévision est devenue un instrument stratégique dont la portée ne connait pas de limites géographiques.

Qatar est devenu un état qui compte grâce à son pétrole, à son gaz, dont ses voisins ne sont pas privés,  mais surtout grâce à AL JAZEERA! Prouesse que ni les E.A.U. ni l’Arabie Saoudite n’ont réussie!

Au Maroc, malheureusement, telles que les éléments sont engagés avec le blocage des cahiers des charges des chaines publiques par le ministre de la communication, le bout du tunnel télévisuel marocain n’est pas près d’être atteint.