Le Maroc a annulé l’opération militaire conjointe annuelle avec les Etats Unis «African Lion 2013», hier, mardi 16 avril, a indiqué un responsable américain sous couvert d’anonymat, rapporte AP. La nouvelle, révélée par Lakome.com, a pris de court tout le monde. Alors qu’à Yabiladi nous rédigions un article (aujourd’hui retiré du site) révélant l’augmentation de l’influence militaire américaine au Maroc, alors que près de 2300 soldats américains et marocains étaient en train de prendre position pour des exercices conjoints à Benguerir et Agadir, la nouvelle est tombée : l’opération est annulée.
A l’heure qu’il est aucune déclaration officielle que ce soit du côté marocain ou américain n’a confirmé l’annulation ou la suspension, mais le contexte tendu entre le Maroc et les Etats Unis ne laisse guère de doute. Hier matin, le porte parole du gouvernement et ministre de la Communication Mustapha El Khalfi, dans le cadre d’une conférence de presse, exprimait publiquement la colère du Maroc face à la décision des Etats Unis de déposer une résolution pour élargir le mandat de la Minurso à la surveillance du respect des droits de l’Homme.
Colère du Maroc
«Il s'agit d'une atteinte à la souveraineté nationale du Maroc et cela aura des conséquences négatives sur la stabilité de toute la région», a averti Mustpha El Khalfi. «Nous comptons sur la sagesse des membres du Conseil de sécurité pour éviter de telles initiatives», a-t-il ajouté. La veille, invité du journal du soir de la chaîne Al Oula, il qualifiait la proposition des Etats Unis d’ «incompréhensible» et d’ «injustifiée».
L’absence de confirmation officielle de l’annulation de l’opération «African Lion 2013» peut toutefois être le signe que le Maroc négocie actuellement avec les Etats Unis. Il est possible que le royaume ait simplement suspendu les manœuvres pour faire pression et obtenir que les Etats Unis promettent de retirer directement ou non leur proposition de résolution.
Négociations ?
Dans ce cas, la menace de l’annulation définitive de «African Lion 2013» serait un argument de poids car les exercices militaires d’interopérabilité des deux armées demandent une planification longue, des déplacements d’hommes et de matériel massifs et coûteux. «C’est une occasion unique qui a mis deux ans à être planifiée et a été réalisée au bout de 10 ans», a expliqué le sergent de l’US Air Force Jason Armstrong, à propos de la seule partie aérienne des manœuvres qui devait se dérouler sur la base militaire de Benguerir. Une autre partie des exercices devaient se dérouler à Agadir, or presque tous les hommes et le matériel ont déjà été débarqués et l’opération avait été configurée pour commencer aujourd’hui.