Le gouvernement décidera «juin ou juillet» prochain s’il devra émettre ou non une obligation conventionnelle ou un sukuk (obligation islamique) sur le marché international afin de financer son déficit budgétaire cette année, a indiqué mardi à la presse le ministre des Finances, Nizar Baraka, lors d’une réunion des ministres des Finances et les banquiers centraux arabes à Dubaï, rapporte Reuters. «Nous travaillons dessus en ce moment», a-t-il ajouté. En effet, le déficit budgétaire devrait avoisiner les 5,5% du PIB fin 2013, contre plus de 7% l’an dernier, selon l’estimation du patron de Bank Al Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri. Une estimation que Nizar Baraka approuve désormais, puisqu’à Dubaï il a annoncé un déficit situé entre 5 et 5,5%, contrairement à l’engagement pris par le gouvernement de ramener le déficit à 4,8% cette année.
Quoi qu’il en soit, une réalité est certaine. Le gouvernement va devoir, une nouvelle fois, faire cette année à un important déficit, quoique moindre par rapport à celui enregistré en 2012. Il va donc falloir trouver des sources de financement.
212,7 milliards de dirhams de dette extérieure à fin 2012
Le gouvernement songe à une sortie sur le marché international tandis que le l’endettement extérieur du pays ne fait que grimper. A fin 2012, l’encours de la dette extérieure de l’Etat marocain a atteint 212,7 milliards de DH (MMDH) à fin 2012, soit une hausse de 23,6 MMDH par rapport à fin 2011, selon la direction du trésor et des finances extérieures au ministère, rapporte Le Matin. Cela dit, cette dette représente désormais 25,4% du PIB, d’après la même source.
Une bonne partie de cette dette (près de 45%) serait destinée, entre autres, à servir aux établissements publics. Et en 2013, le niveau d’endettement extérieur pourrait atteindre des proportions beaucoup plus importantes, puisque depuis le début de l’année, les emprunts se multiplient. Il y a près d’une semaine, le Maroc a obtenu un prêt de 230 millions de dirhams en soutien au plan Maroc vert. Simultanément, l’Office national de l’électricité et de l’eau a emprunté 1,1 milliard de dirhams au Japon au bénéfice du programme national d’assainissement liquide, pour ne citer que ceux-là.
Sachant que de nombreux projets lancés par le gouvernement sont en cours et nécessitent des financements, l’on s’attend à d’autres emprunts, soit directement par l’Etat, soit par ses entreprises. Et en cette période de crise, où l’économie nationale peine à redémarrer, le gouvernement dispose de très de peu de marge de manœuvre. Le royaume risque-t-il une nouvelle fois d’être contraint de sortir sur le marché international ? S’exprimant au sujet de l'emprunt obligataire émis par le gouvernement en décembre dernier, l’économiste Najib Akesbi estime que ces opérations à l’international «jette [l’Etat marocain] dans la gueule du loup». Pour lui, le royaume «perd ainsi sa souveraineté, parce qu’il s'enferme dans l’étau des contraintes avec les organisations internationales».
Si le Maroc devrait, en moins d’un an, retourner sur les marchés internationaux, cela alourdira davantage son ardoise extérieure, alors que la croissance pourrait ne pas suivre. Le budget 2013 prévoit une croissance économique de 4,5% cette année. Mais selon Nizar, les perspectives seront plus claires à fin Avril, une fois que les résultats de la campagne agricole seront publiés.