«Le coût de la vie ne fait qu'augmenter et Benkirane nous lâche». «El Ouafa : 0/20». «La santé est en réanimation». Tels sont les quelques messages brandis sur des pancartes ou scandés par plusieurs milliers de manifestants à Rabat dimanche 31 mars, rapporte Le Soir Echos.
Travailleurs, syndicalistes, membres du M20, associations militants pour les droits de l'homme, membres de la société civile, et même des partis de l'opposition tels que l'USFP (Union socialiste des forces populaires) étaient présents. Ils ont ainsi répondu à un appel lancé le 16 mars dernier par la Confédération démocratique du travail (CDT) et Fédération démocratique du travail (FDT) afin de manifester contre la politique sociale du gouvernement Benkirane. Selon Euronews, les syndicats estiment le nombre des manifestants à 10 000, tandis que la police parle de 3 000.
«Benkirane nous emmène dans un ravin»
Les manifestants dénoncent «l’indifférence» du gouvernement face aux multiples réclamations des citoyens. «Le Maroc vit une régression sociale, […] Benkirane nous emmène dans un ravin», ont clamé les manifestants, réclamant «le départ de Benkirane qui dort sur ses lauriers au lieu d’affronter les problèmes, accusant même le chef de l’Etat de ne pas tenir ses promesses». «Où est la Justice ? Où est le développement ?», lançaient des manifestants interpellant le PJD.
Outre l’aspect de la vie sociale, la CDT et la FDT protestaient également «contre les atteintes du gouvernement aux libertés syndicales, et contre les atteintes du gouvernement Benkirane à nos droits, et contre l'absence de dialogue institutionnel», a expliqué à AFP, Arbi Hamshi, membre du comité exécutif de la Fédération Démocratique du Travail. D’ailleurs un message tel : «les ponctions sur les salaires sont un crime», était également lisible sur les pancartes des manifestants. En effet, depuis l’année dernière, M. Benkirane menace d’effectuer des prélèvements sur les salaires des travailleurs grévistes.
Les syndicalistes n’ont, par ailleurs, pas manqué de dénoncer l’application de l’article 288 du code pénal dont l'Union marocaine du travail (UMT) demande actuellement l'abrogation. Ce texte de loi prévoit une peine d’emprisonnement pour quiconque, porte atteinte au libre exercice de l'industrie ou du travail. Ils estiment qu’une telle mesure «bafoue les droits les plus élémentaires et porte atteinte à la dignité des fonctionnaires», rapporte l’Economiste.
«Une grève nationale» prochainement?
D’après le vice-président de la CDT, Abdelkader Zaïra, la manifestation du 31 mars est une «mise en garde». Si le gouvernement ne réagit pas, une autre descente dans la rue est prévue, comme l’a déclaré Thouriya Lahrech, membre du comité exécutif de la Confédération. S’adressant à Telquel, le secrétaire général de la FDT, Abderrahmane Azzouzi, a même parlé d’une possible «grève nationale et générale».
Le gouvernement a réussi à mettre un terme aux multiples manifestations des jeunes du mouvement du 20 février. Que fera-t-il cette fois ?