Mustapha El Atrassi a-t-il vraiment profité de son réseau au sein de la presse française pour empêcher la médiatisation du livre de sa sœur ? C’est ce qu’affirme en tous cas la principale intéressée Amal El Atrassi dans une tribune publiée, vendredi 22 mars, sur Agoravox.fr. Selon elle, son livre, publié en janvier 2013, dans lequel elle lève le voile sur son enfance «insupportable»passée au Maroc, dérange son frère Mustapha.
«J’y raconte, entre autres, les sévices dont mes sœurs et moi avons été victimes, parce que ‘nées de sexe féminin’. J’y raconte aussi mon père, alcoolique, qui tabassait ma mère, la manière dont j’ai été séquestrée au «bled» parce que j’avais tenté de fuguer, le viol collectif dont j’ai été victime…», explique-t-elle.
De violentes pressions ?
La sœur assure également que depuis la sortie de son livre, elle a subi beaucoup de pression de la part de son frère qui aurait tout fait pour l’éloigner des plateaux télé.
«Depuis la sortie de mon livre, je subis de violentes pressions de la part de mon frère, l’humoriste Mustapha El Atrassi, qui a mobilisé son réseau pour me faire bannir de tous les plateaux télévisés sur lesquels il a des amis. Certains journalistes m’ont fait savoir — par le biais de mon attachée de presse — qu’ils auraient aimé me recevoir mais que mon frère avait menacé leurs rédactions. Je ne citerai pas les complices de ce boycott pour ne pas rendre public leur manque de professionnalisme. Parmi eux, je dirai seulement qu’il y a des producteurs influents et des animateurs célèbres, qui se disent terrorisés à l’idée de se faire réprimander ou harceler après une éventuelle collaboration», assure Amal El Atrassi.
«Ma» vie privée n’est pas «sa» vie privée
L’auteure raconte également que, «lors d’un passage radio sur France Bleu, le 26 janvier 2013», Mustapha El Atrassi, interrogé sur «Louve musulmane», a «refusé de répondre aux questions du journaliste, arguant qu’il refusait de parler de sa vie privée». Une vie privée qu’Amal considère la sienne et celle de son frère. «Deux points m’ont ce jour-là chiffonnée. Le premier, c’est que le livre raconte mon enfance, mon viol. Ma vie, donc, pas la sienne. Le second, Mustapha venait de se répandre, une minute avant, sur la relation qu’il entretient avec notre maman. L’émission en question est restée en podcast une journée avant que Mustapha ne la fasse retirer de la plateforme de téléchargement de Radio France», déplore-t-elle.
«'Ma' vie privée n’est pas 'sa' vie privée, et il n’a aucun droit de regard sur ce que les médias acceptent de dire de mon travail. Qu’attendait-il de ma part ? Que je signe mon livre d’un pseudonyme pour ne pas lui faire d’ombre ? Mon nom m’appartient autant qu’il lui appartient. Je suis une El Atrassi au même titre que lui», poursuit-elle.
Pas de règlement de comptes
«Des journalistes ont dit qu’au travers de mon livre, je réglais mes comptes avec mon frère. C’est donc un raccourci malheureux. J’aimerais mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes. Les raisons qui m’ont poussée à écrire Louve Musulmane n’ont rien à voir avec Mustapha El Atrassi. Je me sens investie d’une mission de vulgarisation et de mise en garde contre ce que j’appelle 'l’islam des illettrés', dans lequel les femmes sont considérées comme des 'inutilités'», assure Amal. Avant de poursuivre : «Oui, mon frère apparaît dans l’ouvrage, mais très peu. Il fait partie de mon parcours de vie, qu’y puis-je ? La manière dont j’en parle est pleine de tendresse. Elle ne lui porte pas préjudice. J’aurais pu en dire beaucoup plus».
Mustapha choqué
Pour l’instant, Mustapha El Atrassi n’a pas encore réagi officiellement aux accusations de sa sœur. Contacté par laNouvellerépublique.fr, celui qui est devenu célèbre grâce au concours «15 ans, 15 talents» diffusé en 2003 par 2M, s’est dit «choqué» par le livre de sa sœur et a assuré, par le biais de son attaché de presse, qu’il n'avait « jamais interdit à quelque média que ce soit d'en parler».