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Maroc : Nos plans de développement, entre efficacité et effets d’annonce

Pour l’anecdote politique, vraie de surcroît. Il était une fois, un élu parlementaire de la région de Nador qui interpela le ministre de l’équipement de l’époque, dans le cadre des questions orales au gouvernement, l’invitant à ordonner à ses services de d’épierrer la place de Nador, tellement ces pierres d’inauguration ont fini, en s’amassant, par devenir des plateaux de roche. En effet, le lancement de plusieurs projets n’a toujours pas vu le jour…

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Pourquoi évoquer cette réminiscence anecdotique, aujourd’hui ? Sa ressemblance avec les différents plans de développement élaborés dans les arcanes des ministères, pour être mis en œuvre dans les secteurs des entreprises spécialisées dans l’export, avec le plan «EMERGENCE», complété du plan «ENVOL» ; dans le tourisme avec le plan «AZUR» ; dans l’agriculture avec le plan «Maroc VERT» (PMV), dans le numérique avec le plan «TRES HAUT DEBIT» (THD) ; dans la politique de la ville et de la cohésion sociale avec le plan «VILLES SANS BIDONVILLES» ; dans la politique de l’énergie avec la création de «Moroccan Agency For Solar Energy» (MASE)…..etc.

Je fais l’économie au lecteur de tous les partenariats public/privé concernant le logement social, les contacts ANAPEC et j’en passe. C’est bien tous ces plans, mais c’est encore mieux de s’interroger sur leurs résultats et impacts, quant à la compétitivité de nos entreprises, quant à l’amélioration des revenus, quant à l’enraiement du logement insalubre et de l’exode rural, quant à l’amélioration de notre balance commerciale, quant à la résorption du chômage…etc. Autrement dit, ces plans ont-ils satisfait aux objectifs qui leur avaient été fixés ? Je ne suis pas sûr, dès lors que les entreprises qui mettent la clé sous le paillasson sont plus nombreuses que celles qui naissent ; de plus la compétitivité n’est toujours pas au rendez-vous, preuve en est notre déficit commercial qui se creuse chaque année un peu plus, à cause d’exportations qui battent de l’aile et des importations qui, au mieux stagnent, ne fait qu’augmenter notre facture énergétique. Nos importations en blé augmentent au moment où nos produits maraîchers peinent à trouver des débouchés dans l’UE ; lorsque le privé crée de emplois, il s’agit principalement de contrats précaires ANAPEC qui viennent grossir les rangs des travailleurs pauvres «poor workers».

Quid du numérique, lorsque des communes rurales à 80Km de Casablanca n’ont pas accès au réseau de la téléphonie mobile, faute d’infrastructure de base ? Comment osera-t-on prétendre à la société du savoir au moment où notre école publique ne forme plus que des analphabètes et au mieux des semi-lettrés ?…..etc. Quid de notre «Moroccan Agency For Solar Energy» dont personne n’entend parler et ne savons pas s’il existe réellement ou bien s’il ne s’agit que d’une agence «fantôme», à l’instar de bien d’autres instances qui n’existent que dans les textes?


Nous sommes dans le pays où l’on entend moudre du grain, mais où l’on ne voit pas de farine ; dans le pays où le temps passe, mais rien ne s’y passe en termes de performances économiques et sociales. C’est dire le grand hiatus entre des annonces qui peuvent être bien intentionnées et les engagements institutionnels…

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Mostafa Melgou
Chercheur en économie
Mostafa Melgou
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