Son nom est Mohamed Belhadj, alias «Charef». Après presque trois ans d’absence, ce nom revient à la Une de l’actualité. Ce sexagénaire, possédant de nombreux titres immobiliers au nord et en Europe, vient d’être arrêté en Belgique pour trafic de drogue et blanchiment d’argent. Ce n'est pas la première fois qu’il tombe dans les mailles du filet de la police belge. Son extradition au Maroc équivaudrait à ouvrir la boîte de Pandore. Et pour cause, Mohamed Charef est parmi les rares barons de la drogue qui ont réussi, par miracle, à échapper à la série d’arrestation opérées par les autorités marocaines, et ce, depuis 1995.
Une protection solide
Mohamed Belhadj jouit de solides relais dans certains milieux de la sûreté et à la Justice au point de lui éviter la prison en 2000 lorsqu’il avait criblé de balles le corps d’un jeune homme en pleine rue à Tétouan. Ce meurtre l’avait, juste, conduit à être admis à l’ «hôpital psychiatrique», une ancienne caserne militaire espagnole. Grâce aux bons services d’une «expertise médicale», il est déclaré souffrant «de troubles mentaux». Un séjour qui n’a pas trop duré, Mohamed Charef quitte le Maroc à destination de l’Espagne.
En 2008, il revient au Maroc pour collectionner les cadeaux : un tribunal de Tanger l’innocente quant à l’accusation pour trafic de drogue et un autre de Tétouan estime que le crime de 2000 est prescrit et trouve, encore une fois, refuge à Charef dans l’"hôpital psychiatrique" de la ville, en attendant de clore définitivement le dossier. Le 27 juin 2009, une décision du procureur du roi de Tétouan lui accorde la liberté provisoire. Une procédure contestée, d'ailleurs, par la société civile.
A l’époque, le ministère de la Justice, dirigé par le socialiste Abdelouahed Radi, n’a rien fait pour contraindre Charef à répondre de ses crimes. Cette fois, Mustpha Ramid osera-t-il aller jusqu’au bout de ce dossier, sachant qu’il risque d’ouvrir la boite de Pandore non pas à Tétouan mais au sein de son département et à l’Intérieur ?