Yabiladi.com : Vous êtes le seul Marocain et arabe à siéger au Parlement italien. Comment êtes vous arrivés jusque là ?
Khalid Chaouki : Je suis né au Maroc, à Casablanca, en 1983. Mon père est parti travailler en Libye en 1988, avant d’immigrer en 1990, en Italie. Nous l’avons rejoint deux ans plus tard, en 1992, avec ma mère qui était enseignante de langue arabe au Maroc, et mes deux frères. J’ai fait ma scolarité à Parme. J’ai fait ensuite des études de sciences pédagogiques, puis de sciences politiques à Bologne. J’ai travaillé ensuite pour l’agence de presse italienne ANSA Med [il a aussi collaboré avec plusieurs journaux locaux dont La Repubblica, il Corriere del Mezzogiorno, Reset, il Riformista et Al Jazeera, nldr].
Comment êtes vous entrés en politique ?
K.C : J’ai travaillé également dans le milieu associatif. En 2001, j’ai fondé à Naples avec d’autres jeunes militants l’Association de la jeunesse musulmane italienne que j’ai d’ailleurs présidée durant deux années. En 2005, j’ai rejoint la jeunesse du Parti démocrate italien. J’étais encore au lycée. Deux ans après, en 2007, on m’a chargé du dossier des «Nouveaux Italiens» pour apporter des réformes au Code de la nationalité. L’Italie ne reconnait pas le droit au sol. Des enfants nés de parents immigrés ne sont pas considérés comme Italiens, même s’ils sont nés en Italie.
Avec la jeunesse de mon parti, nous avons lancé une campagne, notamment, pour sensibiliser les gens concernant l’importance de la participation des immigrés dans la politique du pays. Aujourd’hui, le Parti démocrate est le premier parti en Italie à s’ouvrir aux immigrés. On était quatre candidats d’origine immigrée à se présenter aux élections législatives et on est aujourd’hui deux à avoir remporté un siège au Parlement : moi et Cécile Kyenge Kashetu, qui est, elle, originaire du Congo.
Quel sera, désormais, votre principal cheval de bataille?
K.C : Nous ne sommes pas encore entrés au Parlement. Notre première convocation officielle se fera le 11 mars prochain. Mon objectif sera d’abord de réformer la loi sur la citoyenneté, remplacer des lois établies par la droite qui était trop injuste envers les immigrés, et œuvrer pour la mise en place d’une nouvelle loi plus juste qui défendra les intérêts des immigrés, ou des personnes issues de l’immigration. J’aimerai également l’instauration d’une loi pour l’intégration des immigrés, et de la femme immigrée en particulier, dans la société et dans le marché de l’emploi aussi.
Quels rapports envisagez vous entre le Maroc et l'Italie ?
K.C : Il faut qu’un nouveau modèle de coopération entre l’Italie et les pays du Maghreb arabe, et le Maroc en particulier mon pays d’origine, puisse voir le jour pour permettre la construction d’un nouveau dialogue entre nos sociétés civiles, loin de la diplomatie. Vous savez, la société civile ici en Italie n’a pas connaissance des problèmes rencontrés dans la société civile marocaine et cela est valable dans les deux sens. Mon objectif est aussi d’installer un nouveau dialogue direct entre les deux sociétés civiles.
Une visite de prévu au Maroc ?
K.C : Je serais très content et ravi si mon premier voyage à l’étranger se faisait au Maroc.
Quel est le parti au Maroc dont vous vous sentez le plus proche ?
K.C : La situation est aujourd’hui différente au Maroc. Il y a un nouveau modèle de gouvernance, avec notamment l’arrivée d’un parti dit «islamiste» au pouvoir. On est ouvert au dialogue avec tous les partis du Maroc et on encourage toutes les bonnes initiatives qui se font au pays, le gouvernement aussi. Au final, c’est l’intérêt de la population qui prime.