En marge du lancement des travaux de la ligne de TGV Tanger-Casablanca en septembre 2011, la Société Nationale française de Chemin de Fer (SNCF) et l'Office National marocain des Chemins de Fer (ONCF) ont signé un accord visant la création d'un Institut de Formation aux métiers Ferroviaires au Maroc (IFF).
Pour le syndicat français Confédération Générale du Travail (CGT), «il s’agit de la création d'une filiale commune de formation sur la base de relations commerciales». Et d’ajouter qu’en effet «l'IFF vendra aux deux entreprises ses prestations de formation». Le syndicat estime que la SNCF est en train de «délocaliser sa formation professionnelle», dans un communiqué rendu public, hier, mardi 26 février.
«Dumping social»
Le syndicat, qui aurait eu accès au dossier de l’IFF, stipule que 5 000 heures de formations dispensées par l’institut seront réservées aux cheminots français et marocains. La CGT dénonce «une opération de dumping social […] au moment où des centres de formation sont fermés en France». Le groupement estime qu’alors que le pays passe par une crise économique sans précédents, les dirigeants de la société de chemin de fer veulent se servir «de la délocalisation pour abaisser leurs coûts et faire pression sur les salariés».
La CGT se dit «favorable à la coopération entre la SNCF et les entreprises historiques de chemins de fer», mais estime que dans le cas présent, il ne s’agit pas d’une simple collaboration. Elle réclame le recadrage de «la feuille de route de l’entreprise publique pour maintenir l’emploi et la formation professionnelle en France».
La SNCF dément
Selon les déclarations de la direction du groupe français à l’AFP, le programme de formation commun aux cheminots marocains et français s’inscrit «dans une logique de partenariat entre la SNCF et l'ONCF». Et de préciser que sur les 30 000 jours de formation de l’institut, les cheminots français n’auront droit qu’à 10 000 jours dont 5 000 seulement seront transférés au Maroc, «soit un peu moins de 0,5% de la totalité des jours de formation dispensés par SNCF». De son côté, l’ONCF est resté injoignable.
Depuis que la crise bat son plein, la délocalisation au Maroc pose un véritable problème aux professionnels Français. De même, le soutien financier accordé par la France à l’offshoring marocain n’a pas laissé indifférents syndicats et politiques. Ce soutien financier est intervenu après la polémique soulevée par le ministre français du redressement productif, Arnaud Montebourg, réclamant le rapatriement en France des centres d’appels délocalisés dans le royaume. Les patrons d’entreprises françaises, Orange en tête avaient freiné ses ardeurs, eu nom de la crise. Dans le cas présent, le cri de cœur de la CGT des cheminots restera-t-il vain, à son tour ?