Menu

Grand Angle

Le concept des « Great Debaters » fait sensation au Maroc

Il n’y a pas que le sport dans la vie des étudiants marocains. Il y aussi les activités intellectuelles. Ces dernières années, une nouvelle compétition, connait de plus en plus de succès dans les écoles d’enseignement supérieures marocaines. Il s’agit des «The Great Debaters». Une compétition de débats née aux Etats-Unis dans les années 20-30, durant laquelle des écoles se défient sur le terrain de l’art de la rhétorique. Yabiladi était, le week-end dernier, membre du jury de la toute première édition à Casablanca,

Publié
DR
Temps de lecture: 3'

Samedi 9 février, Khadija Tignanimine, rédactrice-en-chef de Yabiladi.com et moi-même, avons été membres du jury du tout premier tournoi des «The Great Debaters» à Casablanca, tenu à l’école supérieure de l’industrie du textile et de l’habillement (ESITH) avec comme slogan : "Croire en la force des mots".  Les autres membres du jury était notamment Nabil Sebti, Seddik Khalfi journaliste, ou encore Anas Filali, blogueur marocain.

Une compétition créée au début du 20ème siècle aux USA

Cette compétition est inspirée du célèbre film de Denzel Washington intitulé également «The Great Debaters». Il raconte l’histoire vraie d’un professeur Afro-Américain qui enseigne dans un lycée uniquement réservé aux jeunes noirs, dans les années 30. Il va former une équipe de jeunes débatteurs, les coacher pour qu’ils s’opposent, ensuite à de grands établissements ouverts aux étudiants blancs seulement.

Au Maroc, cette compétition a débarqué il y a près de 5 ans dans les campus. Aujourd’hui dans des dizaines d'universités ou écoles de l’enseignement supérieur, il existe une équipe de Great Debaters, comme il peut exister une équipe de football ou club d’échecs.

Les étudiants jouent le jeu

Samedi dernier, une dizaine d’entre elles ont dû ainsi défendre et argumenter un thème imposé par les organisateurs. Certaines de ces équipes étaient «pour» et d’autres «contre». Ainsi les thèmes imposés étaient par exemple : faut-il annuler la Caisse de compensation ? L’Etat est-il l’ennemi de la liberté ? La femme est-elle responsable de son harcèlement sexuel ou encore la politique ignore-t-elle la morale ? Chacune des équipes participantes a eu un mois pour préparer son argumentaire. Ensuite, les deux équipes qui défendent le pour et l’autre le contre, montent sur scène pour se défier et s’exprimer devant le jury. Chaque membre dispose de 4 minutes chronométrées pour s’exprimer.

Le jury doit ensuite donner une note à chacun des étudiants, d’après des critères de notation précis, comme par exemple, leur manière de s'exprimer, l’intonation de leur voix, leur tenue vestimentaire, le poids des arguments avancés, la gestuelle du corps ou encore le jeu de regards.

Alors que des équipes représentant certaines écoles n’ont pas pris la peine de se déplacer pour participer à la compétition, d’autres étudiants ont joué le jeu jusqu’au bout. Certains étaient tirés à quatre épingles, avec costume cravate pour les hommes et talons aiguilles et tailleurs pour les jeunes femmes, comme s’ils passaient un entretien d’embauche. Et c’est là que réside tout l’enjeu de ce genre de compétition : Préparer les étudiants à vendre leurs compétences et leurs idées, principale point faible des étudiants marocains aujourd'hui.

«Ce que ce genre d’évènements apportent aux étudiants, c’est tout d’abord de développer leur communication, savoir se présenter devant du monde, regarder les gens dans les yeux, exprimer leur point de vue, bannir le trac et surtout apprendre à écouter l’argument de l’autre et à être tolérants vis-à-vis de leurs idées», explique Badreddine Badi, responsable du CDI de l’ESITH qui a encadré les étudiants organisateurs.

Absence de sponsors

Malheureusement, les grands absents, une fois encore, étaient les sponsors et les entreprises marocaines. Pourtant les étudiants organisateurs, ont frappé à de nombreuses portes pour que des sociétés puissent sponsoriser cet évènement, sans grand résultat.

«Les étudiants se sont vraiment démenés pour tenter d’avoir des sponsors. Ils ont élaboré un dossier de sponsors qu’ils ont envoyé à plusieurs entreprises. Le seul sponsor qui a répondu présent, est une marque de boisson gazeuse énergétique qui a juste proposé d’offrir des boissons à consommer. C’est vrai que nous aurions aimé avoir des entreprises qui puissent prendre en charge les moyens de communication, le buffet, les gens de la sécurité venus à l’école ou le déplacement des membres du jury», regrette Badreddine Badi. Pour ce qui est des médias, il précise que Hit Radio et Aswat Radio ont été les seuls à s’intéresser à ces jeunes et à les inviter sur leurs plateaux radios, regrettant l’absence des chaînes de télévision.

Faute de trouver des sponsors, c’est l’ESITH qui a dû mettre la main à la poche pour permettre à ces étudiants d’organiser l’évènement. D’après un étudiant organisateur, près de 20 000 dirhams ont été déboursés pour que les étudiants ne manquent de rien. Une initiative qui mérite d’être saluée car peu d’écoles auraient débloqué un budget pareil et faire confiance à leurs étudiants pour un évènement qu’ils organisent de A à Z. Cet argent a par exemple permis de prendre en charge une centaine de déjeuners pour les étudiants participants mais aussi du public ou encore d’acheter une coupe et des prix pour les gagnants.

Résultat : l’évènement a été un réel succès. Certains étudiants ont été de réels ténors dans l’art de la rhétorique. En les voyant s’exprimer ou taquiner leurs concurrents sur scène, on sait et sent que certains d’entre eux seront les leaders de demain au Maroc. Après une finale haletante, entre l’ISCAE et l’ENCG de Settat, c’est cette dernière qui a remporté le tournoi.

Bande originale en anglais du film "The Great Debaters"

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com