Maroc Telecom est devenu un enjeu stratégique dans la guerre au Mali, révèle Charlie Hebdo, cette semaine. Par voie de conséquence, la cession des parts de Vivendi, qui détient 53% du capital, fait l’objet de tous les marchandages. Maroc Telecom possède plusieurs filiales en Afrique de l’Ouest, il est donc l’interlocuteur des autorités françaises lorsqu’elles veulent identifier un numéro ou le mettre sur écoute. A l’heure, où elles cherchent à combattre des jihadistes sans cesse en mouvement, c’est une arme essentielle.
François Hollande, le président français, aurait ordonné au groupe Vivendi de retarder la cession de ses 53% d’actions qui lui donne le contrôle de Maroc Telecom, jusqu’à la fin de la guerre au Mali. Vivendi l’a annoncé il y a près d’un an. Tant que le contrôle de Maroc Telecom est en France, grâce à Vivendi, les services de renseignements français peuvent exiger des informations et imposer des écoutes à tous les numéros qui relèvent de l’opérateur.
Maroc Telecom = Soltema au Mali
Maroc Telecom possède plusieurs filiales en Afrique de l’Ouest : Mauritel en Mauritanie, Onatel au Burkina Faso, Sotelma au Mali et Gabon Télécom au Gabon. Au Mali, la Sotelma est même l’opérateur téléphonique historique, c’est dire son importance dans le réseau malien. Sa croissance ces dernières années, avec celles des autres filiales africaines de Maroc Telecom ont même aidé à soutenir le chiffre d’affaire global du groupe. En 2011, sur un an, à fin septembre, le nombre d’abonnés de la Sotelma a bondi de 87 % pour la téléphonie mobile, 21 % pour le fixe et 99 % pour les offres internet.
Si un tel réseau tombait sous le contrôle d’une société non-française, cela signifierait à la fois que les services de renseignement n’auraient plus le pouvoir d’exiger ces écoutes de Maroc Telecom, mais également que d’autres auraient entre les mains ce formidable outil d’espionnage. Ces autres pourraient être le Qatar qui fait des pieds et des mains pour obtenir que son offre de rachat via Qtel soit choisie par Vivendi. La chaîne Al Arabya suggérait que le Qatar fasse du chantage au Maroc, grâce à l’aide qu’il doit lui fournir, pour obtenir qu’il pèse de tout son poids pour influencer le choix de Vivendi. Selon Demain Online, le Qatar aurait également approché Nicolas Sarkozy dans le même but.
Qatar et jihadistes ?
Que signifierait le contrôle des télécommunications au Mali, par le Qatar, pendant la guerre ? Claire Spenser, directrice des études MENA au think tank Chatham House, a rappelé, mercredi 6 février, que le Qatar influence en parallèle sur le plan religieux, également, «en finançant les mouvements salafistes dans la région MENA afin d’étendre sa doctrine religieuse», le wahhabisme, note Claire Spenser. Salafisme n’est cependant pas synonyme de jihadisme et aucune preuve n’a été apportée quant au soutien au jihadisme.