Le Comité d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) a terminé, vendredi 1er février, le premier examen des performances économiques marocaines. Il a annoncé, dans un communiqué paru hier, lundi 4 février, que le Maroc continuait à remplir toutes les conditions requises pour bénéficier de la ligne de crédit sur deux ans d’un montant de 6,2 milliards de dollars, ou 49,57 milliards de dirhams, ouverte par le FMI, le 3 août 2012.
Le 27 juillet, sept jours avant l’annonce du FMI, dans une lettre co-signée par le ministre de l’Economie et des Finances, Nizar Baraka, et le Wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri s’engageaient à appliquer une série de mesures réclamées par le FMI en échange de cette ligne de crédit. Le gouvernement d’Abdelilah Benkirane s’engageait notamment à réduire le déficit budgétaire à 3% en 2016.
Prêt (possible) sous conditions
L’existence de cette lettre n’ayant été révélée que plus tard, le gouvernement marocain ne voyait officiellement dans l’ouverture de cette ligne de crédit qu’un signe de confiance délivré à tous les acteurs économiques privés. Nizar Baraka expliquait que cette ligne «est de nature à rassurer les investisseurs et les partenaires financiers étrangers ainsi que les agences de notation sur les perspectives économiques et financières du Maroc et permettra de faciliter la mobilisation de financements sur le marché financier international à des conditions favorables».
La dernière annonce officielle du FMI, hier, confirme donc bien qu’en dépit des déclarations apaisantes du ministre des Finances, l’octroi de cette ligne de crédit ne s’est pas faite sans conditions. Même si le Maroc n’a pas encore réellement emprunté un seul dirham au FMI, il doit se plier à ses exigences pour être sûr de pouvoir un jour le faire.
Benkirane consent
«La stratégie budgétaire des autorités [marocaines, ndlr], y compris le budget de 2013, est en accord avec l'engagement de maintenir la viabilité budgétaire […] Dans le cadre de cette stratégie, il sera important d’aller plus loin avec les réformes de la caisse de compensation et le système de retraite et de mieux cibler le système de protection sociale», souligne, le communiqué du FMI, hier.
«Techniquement, la réforme du système de subventions est tout à fait prête», a déjà annoncé Najib Boulif, ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, le 4 janvier. «Une fois que des pourparlers seront terminés et que la décision politique sera prise, [la réforme] sera lancée, a-t-il ajouté soulignant que les subventions des produits alimentaires et énergétiques seront revisitées en juin.
Si la réforme du système de retraite public n’a pas été à annoncé précisément, Abdelilah Benkirane devant la Chambre des conseillers, le 9 janvier, a reconnu : «notre système de retraite est en danger. Personne ne veut que notre pays connaisse le même sort que la Grèce […] Si aucune mesure n’est prise, le déficit annuel atteindra 1,28 milliard de dirhams en 2014 et s’accroitra à 24,85 milliards en 2012 et à près de 45,66 milliards en 2030 pour arriver à 78,54 milliards en 2061.»
2012 : 105 fois moins de création d'emplois
Le FMI avait donc toutes les raisons de croire à la bonne volonté du gouvernement marocain, mais ces réformes vont devoir avoir lieu dans un contexte économique très difficile. En 2012, la croissance économique s’est effondrée. Elle atteint 2,9% au troisième trimestre, contre 5% l’an dernier.
Les conséquences sur la société marocaine ont été mesurées, en janvier, par le Haut Commissariat au Plan, par la situation du marché du travail. En 2012, en tout et pour tout, 1000 postes d’emplois ont été créés, contre 105 000 postes en 2011, et 156 000, par an, en moyenne, entre 2000 et 2010. A titre de comparaison, en novembre 2011, le PJD, qui n’était pas encore au pouvoir, s’engageait, dans le cadre de la compagne électorale, à ce que l’économie marocaine crée 300 000 emplois par an.