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Grand Angle

Maroc : Réda Chami démissionne du bureau politique de l'USFP

En attendant le 10ème congrès de l’USFP, prévu en 2016, Driss Lachgar bénéficie d’un contrôle total sur les organes du parti. Ses opposants sont réduits au silence. Ils ne sont, d'ailleurs, qu’une trentaine sur les 300 membres que compte la Commission administrative et aucun au Bureau politique. Ahmed Réda Chami, le dernier des Mohicans, vient de présenter sa démission à cause, entre autres, l’«absence de démocratie interne».

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L’USFP est en crise. La main basse de Driss Lachgar sur le parti de la Rose n’est pas du goût de tout le monde. Ahmed Réda Chami en fait partie. L’ancien ministre de l’Industrie sous le gouvernement Abbas El Fassi (Octobre 2007-janvier 2012) a démissionné du bureau politique, juste quelques heures après son élection, samedi, à cette instance. «Ce n’est guère une surprise pour nous. Chami l'a clairement annoncé bien avant le dépouillement des voix qu’il ne comptait pas rester seul au BP si ses amis ne parviendraient pas à être élus», nous confiait Tahar Abou Zaid, membre de la Commission administrative de l’USFP.

«Absence de démocratie interne»

Chami explique, dans une lettre adressée au premier secrétaire, son geste par «l’absence de démocratie interne» et «la confiscation du droit des itthadis et ittihadies d’élire librement leur direction» lors du 9ème congrès tenu les 14,15 et 16 décembre 2011.

Le député de Fès s’est dit déçu des résultats de cette étape censée «marquer une rupture entre deux ères» et «surpris de voir un groupe de militants et de militantes visés à nouveau, aux côtés de cadres, et de potentialités Ittihadies qui préconiseraient une approche différente, ce qui est aux antipodes du projet démocratique, socialiste et moderniste dont l'USFP est en train de poser les fondements, sachant que le doit à la différence fait partie de la démocratie».

Chami déplore que les élections des 300 membres de la Commission administrative et des 33 du bureau politique aient été marquées par «une exclusion systématique d’un groupe de militants ayant exercé leur droit à la différence avec vous (Lachgar)».

La marge de manœuvre est très réduite pour Chami et les siens

Les amis de Chami n’ont pas plusieurs cordes à leur arc. Ils ne représentent qu’une fragile minorité au sein de la Commission administrative. Tahar Abou Zaid, un proche de Lachgar, estime leur nombre à «une trentaine». En revanche au bureau politique, ils y sont totalement absents. Même la force de frappe du groupe parlementaire, présidé par Ahmed Zaidi, a été complètement atomisée par l’article 61 de la nouvelle constitution : «Tout membre de l’une des deux Chambres qui renonce à son appartenance politique au nom de laquelle il s’est porté candidat aux élections ou le groupe ou groupement parlementaire auquel il appartient, est déchu de son mandat. La Cour Constitutionnelle, saisie par le président de la Chambre concernée, déclare la vacance du siège et ce, conformément aux dispositions du règlement intérieur de la Chambre concernée, qui fixe également les délais et la procédure de saisine de la Cour Constitutionnelle.»

Force est de constater que la marge de manœuvre des amis de Chami est très réduite, il n’ont d’autre solution que de se tenir silencieux en attendant le 10ème congrès prévu, normalement, vers la fin de 2016. C’est, d'ailleurs, la tendance qui s'est dégagée à l’issue de la réunion, lundi, du groupe parlementaire. La vingtaine de députés proches de Zaidi ne semblent guère préparée à une confrontation avec Lachgar.

Chami compte constituer un courant

Dans une déclaration à la MAP, Chami appelle à «la nécessité d’œuvrer, de l'intérieur de l'USFP pour construire un courant clair au sein de cette formation, à l'instar de ce qui se passe dans de nombreux partis, courant qui est porteur d'un projet clair dont les esquisses ont été tracées avant la tenue du dernier congrès».

Des propos qui écartent toute possibilité de scission. Chami semble tirer les leçons des anciens militants qui ont claqué la porte de l’USFP sans parvenir à rebondir dans d’autres structures partisanes. Leurs carrières politiques en ont pris un sérieux coup. Mohamed Hafid et Mohamed Sassi en sont de parfaits exemples.

Quant au courant que Ahmed Réda Chami espère constituer, il ne fera pas le poids face à Driss Lachgar. En revanche, médiatiquement, il aura du succès.

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