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Grand Angle

Affaire Comanav/Comarit : Le procureur du roi qualifie Taoufik Ibrahimi « d’instigateur »

Du nouveau dans l’affaire Comanav/Comarit. Après analyse des enregistrements téléphoniques, le ministère public via la personne du procureur du roi, a tenu Taoufik Ibrahimi pour principal «instigateur» et veut sa condamnation. Mais la défense dénonce une mauvaise interprétation de ces enregistrements. 

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L’ancien PDG de la Comanav Taoufik Ibrahimi a dû passer un sale quart d’heure mercredi dernier au tribunal, dans le cadre du suivi judiciaire de l'affaire. L’audience était consacrée au réquisitoire du procureur du roi, Alal Laimouni, rapporte L'Economiste. Après avoir rappelé le contexte de crise du transport maritime au moment des faits, ce dernier a pris le temps de retracer l’évolution de l’affaire partant des pistes qui ont incriminé les suspects, leur arrestation, ainsi que les preuves dont dispose le parquet : les écoutes téléphoniques.

Complot pour l’échec du sauvetage de la Comarit

Poursuivi dans le cadre de sa gestion du port de Tanger lorsqu’il en assurait la présidence, l’écoute des enregistrements téléphoniques auraient prouvé que Taoufik Ibrahimi et ses acolytes planifiaient l’émergence d’une nouvelle compagnie maritime en remplacement de la Comarit, alors en faillite. Selon le procureur, les conversations entre les détenus étaient de nature «compromettantes et suffisantes pour établir la culpabilité des accusés».

Dans les échanges entre M. Ibrahimi et ses interlocuteurs, il est principalement question «de directives à adresser aux marins de la Comarit qui sont réquisitionnés au port de Sète, de chauffer à blanc les deux syndicalistes et de procéder illégalement à l’obtention d’informations d’une réunion gouvernementale», note le procureur. Leur objectif serait de «faire capoter le sauvetage de la Comarit et garantir le succès de la société [Morocco Ferries, ndlr] créée par Ibrahimi». D’après le ministère public, celui qui a été appelé en renfort en début 2012 pour sauver la compagnie d’Abdelmoula est en réalité «l’instigateur de ce projet criminel». En effet, M. Ibrahimi était présenté comme l’homme de la situation au moment où l’avenir de la Comarit semblait définitivement compromis. Ses ex-collaborateurs sont pour leur part qualifiés «d’exécutants» voulant s’assurer des postes au sein de Morocco Ferries.

La défense ne veut rien entrendre

La défense de son côté estime qu’il y a incompatibilité entre le procès-verbal établi par la police et les enregistrements téléphoniques. Ces derniers étant en darija ou en français ont été retransmis en arabe classique. Les avocats des accusés dénoncent une «retransmission des déclarations […] très approximative, voire infidèle».

Pour rappel, Taoufik Ibrahimi a été arrêté en juin dernier, avec cinq autres personnes, suite à l’ouverture d’une enquête pour «constitution d'une bande criminelle en vue de saboter des établissements et structures publics et divulgation de secrets professionnels et entrave à la liberté de travail». Après 6 mois de détention préventive, l’ex PDG de la Comanav a obtenu la liberté provisoire en fin novembre dernier. Aujourd’hui, le parquet souhaite sa condamnation ferme. Peut-être les plaidoiries de la défense les 18 et 30 janvier prochains éviteront à ce maillon du transport maritime marocain de passer les prochaines années derrière les barreaux. Affaire à suivre.

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