Miriam Abarkan ne reverra plus jamais son école, ses amis, ni sa famille. Le jeune marocaine de 16 ans, victime d’un crime d’honneur, a été poignardée à mort par sa mère de 42 ans mercredi après-midi à IJsselstein, dans le sud des Pays-Bas, rapporte la presse locale.
La mère est en ce moment entre les mains de la police et deux hommes résidant avec elle ont été interpellés. Selon les voisins, cette famille marocaine vivait de manière traditionnelle. Miriam «ne portait pas le foulard, mais ses parents vivaient selon les règles de l’islam», déclare une amie de Miriam, soulignant que la jeune fille voulait mener la «même vie que les adolescentes néerlandaises, mais cela causait souvent des disputes avec ses parents». Il est également dit que la jeune adolescente avait un copain hollandais de 17 ans et sa mère venait de l’apprendre.
Mais au sein de la communauté marocaine, les causes évoquées sont pris avec beaucoup de réserve. «Jusqu’à présent, les causes de l’assassinat ne sont pas claires», relève Abdou Menebhi, président du centre euro-méditerranéen Migrations et développement contacté cet après-midi par Yabiladi. «Certains racontent qu’elle avait une relation avec quelqu’un et que sa mère ne l’a pas accepté, d’autres disent qu’elle était enceinte. Beaucoup de gens parlent, mais ça reste des spéculations», juge-t-il, relevant que les parents de Miriam étaient divorcés et que la jeune fille vivait avec sa mère.
Selon M. Menebhi, l’incident a suscité la consternation au sein de la communauté marocaine, mobilisée à travers tout le pays, «surtout que la jeune fille était connue de tous dans son quartier et son école». Lui-même réside à Rotterdam, et ce vendredi plusieurs militants associatifs MRE se sont réunis pour voir dans quelle mesure ils seraient utiles.
Crainte d’une récupération politique
Après ce drame, les Marocains des Pays-Bas craignent une récupération politique. «Tout ce qui est marocain est souvent exploité par l’extrême droite pour lier cela à notre culture ou notre religion», indique M. Menebhi.
Déjà, les réactions à cet incident sont vives côté néerlandais. Le maire de la ville, juge ce crime «incompréhensible». Le parti pour la liberté [PVV] réclame que le gouvernement vérifie s’il existe un lien entre les crimes d’honneur commis ces dix dernières années aux Pays-Bas et l’origine islamique des immigrants.
Quoi qu’il en soit, «nous ne prenons pas au sérieux toutes les spéculations autour de l’assassinat jusqu’à ce que l’enquête de la police clarifie tout», tranche Abdou Menebhi. Et d’ajouter : «nous suivons l’affaire de près et nous essayons de rester en contact avec la police».