«Il n’y a pas de fondements à cette sanction», estime Christian Funk, PDG avec Moritz Blunz, de la compagnie maritime FRS, dans une interview accordée à europasur.es, le 23 décembre. La Commission Nationale espagnole de la Concurrence (CNC) a condamné, début novembre 2012, 14 transporteurs, regroupés en 6 compagnies, à 88,5 millions d’euros d’amende pour entente sur les prix. La société FRS doit payer, à elle seule, 11,1 millions d’euros pour s’être entendue avec les autres compagnies pour maintenir le prix de la traversée du détroit de Gibraltar élevé. En mars 2011, la compagnie avait déjà été condamnée à une amende de 1,8 millions d’euros dans le cadre d’une autre entente.
Christian Funk nie en bloc. «Nous ne sommes pas d’accord avec la CNC. Nous sommes en train d’enquêter sur ce dossier et nous allons faire appel autant que nous pourrons», annonce-t-il. Le dirigeant de la FRS va même plus loin. Pour lui, cette amende, en plus d’être injustifiée, n’aurait pas due être infligée au nom d’un intérêt économique supérieur. «Nous pensons que ce n’est pas le bon moment pour punir les entreprises, du moins pas à cette échelle. Ce secteur est en pleine crise parce que même si les chiffres sont acceptables, il n’y a aucune marge. Nous ne pensons pas que ce soit une façon de promouvoir l’emploi», explique Christian Funk en jouant sur la corde sensible de l’Espagne.
«Aucune marge»
En dépit de la double condamnation de sa société et alors que, dans le cadre de la première condamnation, la compagnie Balearias, a plaidé coupable de cette entente et pour avoir coopéré avec la CNC, la FRS se pose en victime de la crise. Au-delà de sa clientèle fixe : ceux qui disposent de commerce ou d’une famille entre les deux rives, FRS regrette la baisse de la fréquentation touristique «Nous avons également des touristes, beaucoup d’Espagnols et beaucoup de touristes étrangers comme les allemands, des anglais. Ce tourisme, évidemment, est en baisse évidemment dans le contexte de la crise générale», estime Christian Funk.
La fréquentation des MRE est également en baisse. « Le Marocain vivant en France, en Belgique, en Allemagne ou en Hollande, qui se rend habituellement une fois, deux fois, trois fois au Maroc par an y réfléchit à deux fois avant de voyager», ajoute le PDG de FRS. En 2012, le nombre de Marocains d’Europe à être rentrés par bateau, via le détroit de Gibraltar, pendant l’été, a effectivement baissé de 5,9%.
Dans un tel contexte, selon la direction de la FRS, il n’y a pas pu y avoir d’entente sur les prix parce qu’elle était impossible. «Bien sûr, n'importe quel client veut que le prix soit le plus bas possible, mais je pense que nous devons être honnêtes. Nous avons atteint la limite de ce que peut être atteint en matière de prix. Parce que les prix couvrent à peine les coûts et pour la compagnie, ils ne peuvent être abaissés», plaide-t-il à propos de la liaison avec Sebta. Les MRE qui persiste à passer à emprunter les navires de la compagnies pour rejoindre le Maroc seront heureux de l’apprendre.